Le travail que nous entreprenons ensemble est la preuve de la vivacité de la coopération entre la France et le Royaume‑Uni. L'actualité, parfois étouffante, qui entoure la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, ne doit pas nous empêcher d'avancer sur des sujets pour lesquelles il existe une volonté forte de travailler ensemble, de part et d'autre de la Manche.
C'est le cas dans le domaine de la défense qui nous réunit aujourd'hui. Outre les valeurs que nous partageons, la France et la Grande-Bretagne sont liées dans leurs statuts de principales puissances militaires sur le continent européen. Par les synergies qu'elle apporte, la coopération en matière de défense est une garantie forte de sécurité pour nos deux pays.
Aujourd'hui, la Grande-Bretagne et la France sont confrontées à un même contexte d'augmentation du niveau de la menace, liées à la résurgence de l'usage de la puissance dans les rapports entre États et à l'essor et à la dissémination des systèmes d'anti-accès (A2/AD). Plus largement, c'est l'ensemble du bloc occidental qui traverse un moment de remise en cause de sa suprématie militaire.
Ce constat, partagé depuis un certain nombre d'années déjà, a guidé le choix d'un renforcement de notre coopération militaire lors des accords de Lancaster House du 2 novembre 2010, dont les orientations ont été régulièrement rappelées depuis. Parmi les nombreux projets conjoints engagés, l'initiative One‑MBDA a été décidée pour structurer une véritable filière commune dans le domaine des missiles, selon une logique de dépendance mutuelle. Le programme Futur missile anti-navires/Futur missile de croisière, dit FMAN/FMC, dont la phase de concept conjointe a été lancée en mars 2017, est l'une des traductions de l'initiative One‑MBDA.
Ce programme constitue une opportunité pour nos deux pays à plusieurs titres. Pour nos forces, il est l'occasion de rehausser une arme stratégique dans un contexte de durcissement de la menace. Pour nos acteurs industriels, cette nouvelle génération de missiles est un projet ambitieux du point de vue technologique, qui permet de creuser la distance avec leurs principaux concurrents et de conforter l'excellence industrielle de l'Europe. Enfin, pour nos deux pays, un tel programme conjoint permettra de partager les coûts et, surtout, de préserver la souveraineté nationale et notre pleine liberté d'action.
Avant de donner la parole à notre premier intervenant, permettez-moi de rappeler brièvement le déroulement de notre journée. Les auditions se tiendront à huis clos. Néanmoins, elles feront l'objet d'un compte rendu public. Après l'audition du délégué général pour l'armement, M. Joël Barre, nous nous retrouverons pour un déjeuner de travail à 13 heures. Puis nous poursuivrons nos travaux cet après-midi avec l'audition, à 14 heures, de l'amiral Christophe Prazuck, chef d'état-major de la marine, et, à 15 heures 30, l'audition d'Antoine Bouvier, président-directeur général de MBDA. Chaque audition débutera par un propos liminaire de la personne auditionnée, d'une quinzaine de minutes, suivi d'une phase de questions-réponses au cours de laquelle se succéderont les interventions des parlementaires britanniques et français.
Sans plus tarder, je laisse la parole au délégué général pour l'armement, que je remercie chaleureusement pour sa présence devant nous aujourd'hui.