J'ai évoqué l'intérêt de la coopération dans mon intervention liminaire. De manière plus générale, la coopération dans le domaine des armements répond à un certain nombre d'objectifs. Le premier est politique. La construction de l'Europe de la défense passe notamment par la coopération sur les systèmes d'armes, et il s'agit selon moi d'un axe fort de la LPM 2019-2025.
Deuxièmement, il existe un objectif opérationnel. Quand on construit ensemble des systèmes d'armes tels que ces missiles extrêmement sophistiqués, ils sont plus facilement interopérables. Lorsque les Britanniques, les Américains et les Français ont frappé en Syrie, il y a quelques semaines, l'opération a été facilitée par l'interopérabilité entre nos forces.
Ensuite, il y a un intérêt économique, ne serait-ce que parce que nous partageons les coûts de développement. Dans le cadre de la phase de concept que nous conduisons actuellement, nous avons notifié un contrat de cent millions d'euros à MBDA, dont le montant a été partagé en deux parts égales, cinquante millions pour les Britanniques et cinquante millions pour les Français. Nous avons partagé le coût de l'étude comme nous serions amenés à partager le coût du développement ultérieur. Enfin, le coût de série dépend du nombre de missiles réalisés. Si on fait le même missile pour les forces britanniques et les forces françaises, on en construira davantage, ce qui réduira le prix unitaire du missile.
Dernier avantage, cette coopération permet de répondre à l'enjeu industriel, incarné par MBDA, qui constitue notre acteur industriel commun dans le domaine des missiles.
Ce programme, comme tous les autres programmes de coopération d'armement avec le Royaume-Uni que j'ai évoqués, fait l'objet d'un accord bilatéral. Ceci est logique dès lors que nous nous situons dans le domaine de la souveraineté nationale. Si nous poursuivons en commun notre aventure sur le programme FMAN/FMC, il faudra évidemment passer les accords de coopération bilatéraux complémentaires, puisque, actuellement, notre accord se limite à la phase de concept conjointe.
En tant que délégué général pour l'armement, je considère que le Brexit est d'abord une question politique. Le Gouvernement français s'est déjà exprimé pour dire qu'il fallait poursuivre la coopération dans le domaine de la défense avec le Royaume-Uni. Je n'ai rien à ajouter, si ce n'est que je m'en félicite parce que, effectivement, nous faisons des choses importantes dans le domaine de l'armement. En revanche, j'avoue être incapable de vous répondre sur l'éventuel impact de la réglementation douanière post-Brexit, qui d'ailleurs n'est pas encore définie aujourd'hui. Si problème il y avait, nous le traiterions, à mon avis, dans le cadre d'un accord bilatéral. Je pense que tout problème de ce genre est soluble.