Monsieur le député, les abus de médicaments psychotropes évoluent régulièrement, s'agissant en particulier des médicaments à base de codéine. Vous le savez, ces dernières années a été constatée une multiplication, chez des mineurs et des jeunes adultes, du phénomène dit « purple drank», qui a entraîné des décès.
Le 12 juillet dernier, j'ai effectivement signé un arrêté à effet immédiat inscrivant tous les médicaments contenant de la codéine sur la liste des médicaments disponibles sur ordonnance : je ne le regrette pas, parce qu'il n'y a plus eu de décès depuis sa publication. Désormais, les patients ne pourront obtenir un médicament à base de codéine qu'avec une prescription médicale. Cette mesure répond à la difficulté qu'il y a, dans les grandes villes, à dégager le temps du conseil pharmaceutique, qui est plus facilement offert dans les territoires où le pharmacien connaît mieux sa patientèle.
Cependant, le rôle d'acteur de soins de premier recours du pharmacien d'officine et son expertise pharmaceutique doivent être davantage valorisés et utilisés, notamment au regard du virage ambulatoire en cours et de l'augmentation des déserts médicaux. Voilà pourquoi, depuis le 6 octobre dernier, près de 3 000 pharmaciens réalisent par exemple la vaccination contre la grippe saisonnière. Cette expérimentation sera amplifiée. Convaincue de l'intérêt de ce nouveau rôle des pharmaciens d'officine, je mettrai tout en oeuvre pour les accompagner dans de nouvelles offres de services.
Une réflexion pourrait, par exemple, être engagée sur la prise en charge par les pharmaciens d'officine de pathologies courantes sur la base d'arbres décisionnels fondés sur des données prouvées et sur une évolution en cohérence du mode de rémunération. Une réflexion plus globale sur les leviers à mettre en oeuvre pour rendre plus homogène la qualité de la dispensation en officine pour l'ensemble des médicaments devrait être engagée parallèlement. Elle pourrait concerner des médicaments à prescription médicale obligatoire et à prescription médicale facultative. Le travail est en cours. Je n'adopte pas aujourd'hui l'expression « prescription pharmaceutique » en tant que telle.