Cette mission a été décidée en conférence des présidents en décembre dernier, à la suite de l'adoption d'une proposition de résolution visant à lutter contre l'antisémitisme d'un de nos collègues, Sylvain Maillard, qui visait notamment à permettre de définir l'antisionisme comme une nouvelle forme d'antisémitisme. Il avait alors été jugé bon de poursuivre cette réflexion sur l'évolution des racismes, et pas seulement pour l'antisionisme. C'est une première pierre à un édifice qui, nous le savons, sera long et complexe. C'est le seul mot qui me vient à l'esprit quand je parle de racisme : c'est très complexe et les lumières des universitaires vont nous aider à circonscrire le sujet, à analyser son évolution dans le temps et les nouvelles formes qu'a prises ce racisme.
Je vous laisse totalement libres de vos propos liminaires mais j'avais noté que, dans un ouvrage que vous aviez publié en 2000, madame Schnapper, le racisme recouvrait pour vous tout et rien. Je serais curieuse de savoir si c'est toujours le cas ou si, avec le temps, le racisme a acquis une vraie définition. Cela nous intéresserait de parler de ces évolutions, de l'influence qu'ont peut-être pu avoir les pays étrangers sur ces nouvelles formes de racisme, et de parler des deux logiques d'infériorisation et de différenciation dont vous traitez dans vos ouvrages, monsieur Wieviorka, pour savoir comment cela a pu évoluer et si c'est toujours une clé de compréhension du racisme et des luttes contre le racisme d'aujourd'hui. Le racisme ne recouvre peut-être plus seulement la race et la couleur de peau mais il apparaît d'autres formes de rejet qui seraient basées sur d'autres critères.