Intervention de Buon Tan

Réunion du jeudi 2 juillet 2020 à 9h00
Mission d'information sur l'émergence et l'évolution des différentes formes de racisme et les réponses à y apporter

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBuon Tan :

Je vais d'abord revenir sur ce que vous avez dit tout à l'heure à propos de l'intériorisation de la race par les gens et du fait qu'ils réagissent en transposant cela vers les autres. Savez-vous si ce phénomène se transmet de génération en génération ?

Je voudrais ensuite revenir sur un cas qui avait défrayé la chronique, celui du jeune couturier Chaolin Zhang qui avait été agressé et avait succombé à ses blessures. Les jeunes agresseurs ont été arrêtés et, pendant l'audition, ils ont déclaré avoir ciblé ce monsieur parce qu'il était chinois. Le caractère aggravant de racisme a été rejeté parce qu'on a expliqué qu'il avait été agressé parce qu'il était censé avoir de l'argent et non pas parce qu'il était chinois. Ce qui était gênant, c'est que c'est tout de même une logique assez similaire à ce qu'a vécu le pauvre Ilan Halimi, qui a été séquestré parce que sa famille était censée être riche et dans ce cas, d'emblée, on a dit que c'était du racisme. Ce traitement avec en quelque sorte « deux poids, deux mesures » n'est-il pas quelque chose que nous avons un peu institutionnalisé justement parce qu'il y a un terme spécifique, l'antisémitisme, pour un certain type de racisme ? Cela ne pose-t-il pas problème que le ministère chargé de cela mette lui-même plus en avant une forme de racisme qu'une autre ? Tout le monde comprend évidemment que l'histoire de notre pays porte le poids et souffre de ce qui s'est passé. Cela se comprend, mais n'est-ce pas le moment d'évoluer, et, devant la multiplication des différentes formes de racisme, pourquoi mettre en avant une forme de racisme plutôt qu'une autre ?

Je voudrais revenir également sur les statistiques ethniques. Je comprends tout à fait les craintes que beaucoup ont sur les risques et les travers que cela présente et je les partage d'ailleurs. Mais je me demande comment il est possible d'avoir des statistiques sur le racisme alors que les statistiques sur les origines ethniques ou les religions sont interdites. Comment être sûrs que les statistiques sont fiables si la victime ne déclare pas son origine ? Ensuite, et vous m'avez déjà apporté une partie de la réponse, je pense que les statistiques ethniques vont en effet dans le sens de l'histoire mais quels sont les garde-fous qu'il faudrait mettre en place si, demain, nous arrivons à un système plus étendu, autorisé et légal de statistiques ethniques ?

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