J'ai une dernière question pour clôturer cette audition passionnante. Au risque de contredire mon propos liminaire sur le fait que nous voulions prendre de la distance à l'actualité, comme vous avez évoqué vous-même le fait que vous étiez hostile à ce que l'on déboulonne des statues, quel est l'enjeu de la politique mémorielle dans tout cela ? Nous avons le sentiment que la mémoire éclaire ou réchauffe des parties de l'histoire. La mémoire est là pour venir éclairer davantage certains pans de notre histoire, elle est vécue plutôt comme une politique positive pour que nous n'oubliions pas et que nous évitions de reproduire les erreurs du passé. On a l'impression que, finalement, une forme de politique mémorielle parallèle est en train de se mettre en place, qui vise plutôt au repli et qui, en fait, fait régresser en quelque sorte l'histoire ou essaie de la faire oublier sur certains points. Quel est votre sentiment, au regard aussi de l'actualité et de ce que nous avons vécu, sur la tension entre histoire et mémoire ces dernières semaines ?