Intervention de Michel Wieviorka

Réunion du jeudi 2 juillet 2020 à 9h00
Mission d'information sur l'émergence et l'évolution des différentes formes de racisme et les réponses à y apporter

Michel Wieviorka, président de la fondation Maison des sciences de l'Homme, directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS), membre du conseil scientifique de la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT (DILCRAH) :

Vous avez eu raison, monsieur le président. Au départ, nous avions l'image que des mémoires surgissaient et imposaient à l'histoire de rectifier Mais nous sommes désormais dans autre chose. Nous sommes, vous avez utilisé les bons mots, devant des politiques mémorielles et des enjeux politiques. Quand on décide d'ériger une statue quelque part, les gens qui décident et mettent cela en œuvre ne sont pas des historiens professionnels. Il peut y en avoir, mais ce n'est pas un comité d'histoire qui a fait de longues recherches qui prend la décision.

Mon sentiment est que nous sommes dans des jeux infra-politiques, dans des jeux où des acteurs n'arrivent pas à se constituer au niveau politique parce qu'ils ne sont pas structurés, organisés et essaient d'agir symboliquement en s'en prenant aux noms de rues, aux statues… C'est infra-politique, dans une situation où les politiques mémorielles sont extrêmement présentes.

Je fais partie d'un comité qui prépare la mise en place d'un musée-mémorial sur le terrorisme. C'est la même chose, il faut écouter – ce qui est tout à fait normal – les victimes, les associations, etc., parce qu'il y a de la mémoire, mais on est très vite dans de la politique. Ce n'est pas votre politique à vous, si je puis dire, c'est « en-dessous » et, parce que ce n'est pas installé, ni structuré, cela ne pénètre pas vraiment le débat politique. Quand on me dit qu'il faut détruire la statue de Colbert, ce n'est, selon moi, pas un débat d'historien mais d'une autre nature.

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