. J'ai vraiment apprécié d'entendre des jeunes qu'on dit « issus de l'immigration » dire qu'ils comprenaient mieux ce qu'ils vivaient en parcourant l'exposition, surtout lors des parties où différents sociologues analysaient par exemple les discours des médias. Ils comprenaient mieux les mécanismes dans lesquels ils se faisaient entraîner.
Cela étant, dans une exposition, on ne peut malheureusement pas tester les gens avant et après pour savoir exactement en quoi ils ont changé. Pour ceux qui subissaient le racisme, cela a été très important et c'est la raison pour laquelle beaucoup de jeunes gens de banlieue sont venus : l'exposition leur a permis de se replacer dans un contexte, de comprendre ce qui pouvait leur arriver et d'être mieux armés pour y répondre autrement que par la colère.
Quant aux jeunes qui, sans être racisés, étaient intéressés par ces questions-là, pour le mieux vivre ensemble, ils étaient très contents de trouver des phrases et des arguments simples (« on vient tous d'Afrique, on est tous cousins », « on a tous des ancêtres migrants ») pour pouvoir débattre avec des individus racistes. Ce sont des phrases simples qui permettent, dans un débat ou dans une argumentation, de faire des jeunes des porte-parole. Suite à l'exposition, j'ai travaillé sur des master class à l'UNESCO (Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture). Nous allons voir des jeunes et cette organisation permet aussi leur venue afin que nous leur présentions le fonctionnement du racisme. Eux-mêmes doivent ensuite proposer des solutions pour lutter contre le racisme.
Je dirais que l'exposition est une boîte à outils. Les gens peuvent ensuite s'emparer de ce qu'ils veulent.
Quant aux visiteurs qui étaient à tendance raciste, le discours qui fonctionnait bien concernait par exemple la prophétie auto-réalisatrice : c'est tout de même quelque chose de comprendre qu'à force de dire à quelqu'un qu'il n'est pas bien, il va devenir ainsi.