Nous poursuivons nos travaux dans le cadre de la mission d'information créée par la Conférence des présidents sur l'émergence et l'évolution des différentes formes de racisme. Nous recevons désormais, en visioconférence, avec nos collègues ici présents à l'Assemblée nationale, M. Olivier Roy, docteur en sciences politiques, directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS) et éminent spécialiste des questions relatives à l'islam et en particulier à l'islamisme.
Vous défendez de longue date, monsieur Roy, une thèse de l'islamisation de la radicalité et je pense qu'il serait intéressant que vous reveniez en propos liminaire sur cette idée. Notre mission d'information ne porte pas directement sur l'islamisme ou sur l'islam, mais vos sujets de recherche sont évidemment en lien avec nos préoccupations sur les différentes formes du racisme, parmi lesquelles un racisme anti-arabe, voire anti-musulman, qu'il ne nous faut pas occulter et qu'il nous intéresse d'identifier.
L'un des intérêts de cette audition est peut-être, parmi ces formes de racisme, de décortiquer un terme très controversé, celui « d'islamophobie », qui représente pour certains, y compris pour des associations engagées de longue date dans la lutte contre le racisme, une imposture et un concept servant plus les intérêts de ceux qui cherchent la radicalité qu'à nommer une forme de racisme. Vous pourrez certainement nous éclairer de vos réflexions et travaux sur le sujet.
Nous nous intéresserons également aux interactions entre certaines pratiques de l'islam, notamment sur le territoire national, et le racisme qu'elles peuvent susciter.