Traiter du racisme, des nouvelles formes du racisme et des moyens pour les combattre est un sujet d'étude assez large. Notre mission a été lancée au mois de décembre 2019, et son objet ne correspond pas exactement à celui des manifestations que l'on a pu connaître à la sortie du confinement, mais la mission sera, bien sûr, influencée par ces manifestations.
Depuis le début de la mission, nous sommes attachés à l'universalisme ; cependant, nous nous sommes autorisés à auditionner des cibles de racisme particulières. Nous avons discuté longuement de l'antisémitisme. Nous avons également auditionné plusieurs personnes spécialistes de la sinophobie. Notre cycle actuel prévoit l'audition d'experts de l'islam, qui pourront nous éclairer sur les formes de racisme que connaissent nos compatriotes de confession musulmane, qu'ils soient d'ailleurs d'origine étrangère, ou non.
Il importe de « nommer les choses », comme le disait Monsieur le président. Le terme d'islamophobie sera-t-il utile à nos travaux ? Ce terme recoupe-t-il réellement une haine de ceux qui pratiquent l'islam, et qui exclurait donc des personnes qui seraient peut-être de la même origine, mais qui n'auraient pas la même pratique de l'islam ? Et si cette haine existe, de quels préjugés se nourrit-elle, et quelles sont ses conséquences, dans les actes, dans les propos, dans les discriminations ? Il existe une réelle souffrance de nos compatriotes qui pensent que l'ascenseur social leur est moins accessible. Ou alors, le terme d'islamophobie est-il beaucoup plus large, empêchant ainsi de débattre des dérives éventuelles que l'islam peut connaître, comme toute religion ?