Intervention de Laëtitia Hélouet

Réunion du mercredi 9 septembre 2020 à 12h00
Mission d'information sur l'émergence et l'évolution des différentes formes de racisme et les réponses à y apporter

Laëtitia Hélouet, co-présidente du Club XXIe siècle :

. L'association « révèle@her » fournit un exemple concret d'un projet qui utilise la dimension de role model. Je suis marraine de jeunes professionnelles, mais d'autres parrains et marraines ne sont pas forcément d'origine étrangère. Il s'agit de mettre en mouvement les expériences des uns et des autres, et de pouvoir faire évoluer les représentations. J'accompagne ainsi une jeune fille d'origine sénégalaise, brillante, occupant un poste d'audit dans une grande banque et qui, si la question de la diversité n'est pas traitée, peut se créer des limites qui ne seront pas dépassées.

Cette prise en charge extrêmement concrète met l'accent sur une lacune. Être une femme en entreprise et vouloir avancer professionnellement est un sujet pris en compte ; être une femme issue de la diversité ne l'est pas. Nous offrons une réponse très concrète qui peut être déclinée par toutes les entreprises. Notre approche vise à mettre en place des outils qui « parlent » aux grands groupes. Quand des grands groupes « s'y mettent », on observe un effet de visibilité et d'entraînement. Notre objectif, ce sont les grands groupes, mais aussi les très petites entreprises (TPE) et les petites et moyennes entreprises (PME) qui regroupent l'essentiel de l'emploi en France et qui sont essentielles dans la représentation du collectif que nous sommes. Ce projet est emblématique. Nous travaillons à petite échelle, à raison d'une trentaine de personnes suivies, mais cet échantillon est très révélateur. 87 % de ces femmes acquièrent, entre le début et la fin du programme, le sentiment et la conviction qu'elles possèdent désormais les atouts pour dépasser ce double plafond de verre. Ce n'est pas rien. Ces initiatives peuvent être dupliquées. Si nous comparons à une « station Elf », c'est parce que nous entendons tester des effets et faire en sorte que d'autres acteurs puissent s'en emparer.

J'aime le projet qu'a cité Boris Janicek, « each One ». Sur la question des migrants, on peut entendre beaucoup de points de vue, de partis pris – que l'on peut aussi appeler préjugés. Nous partons d'une approche pragmatique. Ces migrants ont un passé professionnel. Plutôt que de prendre le sujet sous l'angle de difficulté, nous nous focalisons sur les ressources qu'ils possèdent, la langue ou la connaissance du marché du travail ; et cela fonctionne. C'est une manière concrète de répondre à des questions parfois épineuses lorsqu'elles sont posées en termes géopolitiques ou sociétaux, qui réduit parfois bien des écarts et dénoue bien des tensions sur des sujets compliqués.

Le premier maître-mot était « mesurer » : le second est « engager ». Nous finalisons au sein du club un pacte d'engagement, adaptable à toutes les entreprises et à tous les employeurs, publics ou privés, grandes ou petites entreprises, en identifiant des sujets clés pour lesquels des actions se traduisent par une accélération de la diversité. Il nous reste à rencontrer les entreprises, ce qui sera bientôt le cas, puisqu'un événement est prévu en partenariat avec le Mouvement des entreprises de France (MEDEF).

Nous ne citerons pas tous nos outils, bien qu'ils ne soient pas si nombreux. Il nous importe avant tout de cibler des outils à impact, et de faire en sorte qu'ils soient dupliqués.

Nous lancerons bientôt un projet qui nous tient à cœur, concernant l'éducation. La période du Covid a jeté une lumière plus crue sur l'écart existant en termes de ressources éducatives selon les enfants. Le positionnement du Club XXIe siècle lui permet de repérer, au sein des territoires, des projets innovants portés par des structures associatives.

Ces structures sont souvent fragiles mais présentent un double intérêt. D'une part, elles proposent des solutions d'éducation sur mesure qui sont le complément indispensable des méthodes génériques de l'Éducation nationale. D'autre part, ces associations sont souvent l'un des derniers piliers de la République ou de la sociabilité dans le quartier. Il s'agit donc de repérer, au sein de notre territoire national, dans les quartiers populaires et dans les territoires ruraux, les initiatives les plus innovantes, ou celles qui ont l'impact social le plus fort ; de leur donner un financement et un équipement – puisque nous avons vu pendant la crise du Covid que la question de l'équipement n'était pas réglée.

Mais il ne s'agit pas que de cela : il faut aussi accompagner ces structures sur le moyen terme (18 à 24 mois) en leur proposant des parrains et des marraines, en débloquant des stages, en les aidant dans leur modèle économique, ou en tout cas dans la stabilisation de leur projet – c'est un savoir-faire dont beaucoup des membres du club disposent. L'objectif est que les associations puissent prendre le relais après le départ du club, et venir elles-mêmes en aide à d'autres structures. Enfin, ce projet « Education XXI » favorise une logique d'observatoire qui est intéressante, et contribue à ce que les initiatives les plus percutantes soient dupliquées sur les territoires où elles seraient pertinentes.

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