Intervention de Jean-Marie Burguburu

Réunion du jeudi 17 septembre 2020 à 10h00
Mission d'information sur l'émergence et l'évolution des différentes formes de racisme et les réponses à y apporter

Jean-Marie Burguburu, président de la CNCDH :

Nous travaillerons bien sûr sur le projet de loi contre le séparatisme. Le terme de séparatisme, pour éviter le terme de communautarisme, peut comporter une connotation raciale ou religieuse. Ce terme de séparatisme est assez bien choisi. Toutes les communautés ne sont pas à bannir. Mais nous devons bannir les expressions communautaires qui se construisent en opposition à la République. Celle-ci est un ensemble de citoyens et non un ensemble de communautés. Nous devons accepter qu'au sein de la République, des citoyens puissent appartenir à une ou plusieurs communautés, soit religieuses, soit provinciales par exemple. La notion de communauté ne devient critiquable que si ses membres font primer leurs règles internes sur les lois de la République.

Le projet de loi sur le séparatisme nous intéresse donc au plus haut point et nous veillerons autant que possible à formuler un avis avant que la loi ait été votée. Nous sommes plus que réservés vis-à-vis des statistiques ethniques qui catégoriseraient les citoyens selon leur couleur de peau, car cela ne correspond pas à notre conception de la République et car cela poserait le problème de la « catégorisation » des personnes métissées. D'ailleurs, l'absence de statistiques ethniques n'empêche pas de mettre en évidence que certaines catégories de personnes sont fortement représentées parmi les victimes de certains traitements inéquitables ou dépréciatifs.

Nous n'avons pas créé l'expression d'islamophobie, qui est certes fâcheuse en ce qu'elle peut effectivement induire une confusion entre les musulmans pratiquants de la religion musulmane, tout aussi respectables que les pratiquants d'autres religions si ceux-ci respectent la laïcité de la société française et les valeurs républicaines, et les partisans du djihad, la « guerre sainte », qui se manifeste par des actes terroristes d'islamistes « assoiffés de sang ». Malheureusement, certains musulmans emploient le terme « islamophobie » pour dénoncer une attaque de la religion musulmane alors que ce n'est pas l'objet, cela ne correspond pas à définition du terme. Nous pourrions réfléchir, non pas seulement au sein de la CNCDH d'ailleurs, à l'invention d'un nouveau terme mais celui-ci a à la fois le tort et le mérite d'exister et il doit être dissocié de la pratique simple, normale et respectueuse de la religion. Je n'entre pas dans le débat de savoir si la pratique raisonnable de l'islam est compatible avec le respect des lois de la République puisqu'il l'est si l'on ne place pas la charia au-dessus de ces lois. Les citoyens musulmans ne sont pas discriminés hormis par ceux qui les assimilent à de potentiels radicaux.

J'ai été étonné lorsque j'ai appris que le nouveau maire de Lyon a refusé d'assister à la petite cérémonie du pardon des échevins, comme le faisaient ses prédécesseurs depuis plus de 350 ans pour ensuite poser le lendemain la première pierre d'une grande mosquée à Lyon dans le quartier de Gerland. Cela tend à véhiculer l'idée qu'il existerait de « bonnes » et de « mauvaises » religions.

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