Intervention de Jean-Marie Burguburu

Réunion du jeudi 17 septembre 2020 à 10h00
Mission d'information sur l'émergence et l'évolution des différentes formes de racisme et les réponses à y apporter

Jean-Marie Burguburu, président de la CNCDH :

Je suis président de la CNCDH depuis janvier dernier, mais sa création remonte à 1947 et elle conduit des travaux sur ces sujets depuis longtemps. Pour moi, la suppression du mot « race » est souhaitable pour des raisons philosophiques et anthropologiques, et non politiques. Les hommes diffèrent entre eux par des caractéristiques morphologiques mais il n'existe qu'une race humaine. La couleur de la peau est seulement plus discernable que la forme du crâne ou la longueur des mains. Une autre discussion philosophique consiste à se demander s'il convient de parler de « droits humains » plutôt que de « droits de l'homme » en France.

Ce qui paraissait normal encore en 1958 le paraît moins durant ces premières décennies du XXIème siècle. Je ne défends en aucune façon le repli identitaire et si le maintien du mot « race » caractérise ce repli, je serai favorable à sa suppression.

Quant à l'islamophobie, nous devons composer avec ce terme, notamment critiqué par ceux qui estiment qu'il signifie la haine de l'islam et des musulmans. Si nous ne pouvons pas libérer ce terme de ces connotations inexactes, peut-être faudra-t-il trouver un autre terme. La polémique a ressurgi à l'occasion du débat sur le blasphème et sur la liberté d'opinion, qui peut s'exprimer notamment à travers la critique des religions. Or la liberté d'opinion est un droit de l'homme fondamental au sein de la République. Les religions n'ont pas droit de cité en France autrement que dans le respect d'une pratique privée et, à un degré modéré, de pratique publique et collective. Le délit de blasphème a donc disparu en France avant la séparation de l'Église et de l'État en 1905.

L'islamophobie, pour la CNCDH, recouvre le fait que certains rejettent les musulmans, de la même manière que certains racistes rejettent les Noirs.

Le combat contre le terrorisme islamique ne nous laisse pas indifférents et nos rapports, nos propos et nos études ne préconisent certainement pas de baisser les bras dans cette lutte.

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