Je vous remercie de me donner l'opportunité de présenter l'association HCAF, les motifs de sa création et ses missions, dont beaucoup sont liées au sujet que vous traitez.
Le nombre d'Asiatiques établis en France a beaucoup progressé au cours des dernières décennies pour atteindre environ un million de personnes selon les dernières estimations. Ils sont présents dans tous les champs d'activité : les entreprises, les commerces, les sciences ou la culture. Leur intégration dans la société a souvent été citée comme exemple. Afin de consolider cette intégration, il est apparu important de créer une structure susceptible de les aider à obtenir une meilleure représentativité et à faire entendre leur voix. Le HCAF, qui a vu le jour en 2014, est une structure apolitique ayant pour ambition d'être une plateforme réunissant les communautés de tous les pays d'Asie, dont la Chine, l'Inde, le Japon, la Thaïlande, le Vietnam, le Laos, le Cambodge et la Corée du Sud, afin de favoriser et promouvoir leurs contributions dans la société et de travailler sur des préoccupations communes.
Les missions du HCAF sont de fédérer les Asiatiques de France et leurs associations, de faciliter les échanges entre les communautés asiatiques, de promouvoir leur identité et leur image, de préserver la culture et les traditions de chaque pays d'origine tout en favorisant l'apprentissage de la langue française et la connaissance de la culture française. Au niveau associatif, nous souhaitons renforcer la relation culturelle et économique entre la France et l'Asie et soutenir l'émergence de représentants d'origine asiatique dans les instances locales culturelles, économiques et politiques. Dans le cadre de ses missions, le HCAF espère contribuer à la lutte contre les formes d'intolérance et de discrimination existantes.
Depuis sa création, le HCAF a mené des actions dans plusieurs domaines. Tout d'abord, en ce qui concerne l'histoire de la mémoire, il a participé à des cérémonies commémoratives officielles, notamment à l'Arc de triomphe, pour saluer la mémoire des Chinois et Indochinois qui furent présents aux côtés de l'armée française lors des deux guerres mondiales. Le HCAF a également initié avec le soutien de l'Hôtel de Ville et de la mairie du 13ème arrondissement l'édification d'un parc public et d'une stèle dédiée aux victimes du régime des Khmers rouges. Paris est la première capitale occidentale à accueillir un tel mémorial. Le HCAF a également aidé à l'obtention de subventions pour les avocats français qui œuvrent bénévolement pour représenter des parties civiles au procès des Khmers rouges qui se tient encore actuellement à Phnom Penh.
Dans le domaine économique, le HCAF a organisé en 2016 un dîner-débat entre des entrepreneurs et commerçants asiatiques et Emmanuel Macron, alors ministre de l'économie. Dans le domaine culturel, le HCAF a contribué au lancement d'une revue bimestrielle centrée sur l'Asie qui s'appelle Koï et dont le dix-huitième numéro vient de paraître. Cela montre qu'elle a trouvé un public. De plus, des spectacles de danse et de musique gratuits sont organisés lors du nouvel an asiatique à la mairie du 13ème et à l'Hôtel de Ville. Ils mettent en valeur la diversité des expressions artistiques de pays différents. Nous projetons aussi la création d'un salon du livre consacré à l'Asie. Ces échanges culturels nous semblent importants, car ils constituent un moyen privilégié de combattre efficacement et durablement le rejet ou la méfiance qui pourraient être ressentis face à l'étranger.
La perception que j'ai du racisme est sans doute restrictive, car jusqu'ici, le HCAF n'a pas rencontré de problème de racisme dans ses activités. Sur le plan politique, le terme de « Khmer vert », utilisé récemment à mauvais escient, nous a heurtés. Sur un plan plus personnel, après bientôt 50 ans de vie passée en France, ni moi ni ma famille n'avons subi de paroles ou de gestes racistes graves. Bien sûr, nous avons entendu des insultes comme « sale Chinoise », « sale jaune » ou « indigène », ceux qui les proféraient ignorant que les indigènes désignent les populations locales, en l'occurrence les Français. Néanmoins, ces insultes relèvent plutôt de comportements individuels isolés.
Nous n'avons pas non plus été victimes de discriminations, à une exception près. Au début des années 1980, l'une de mes sœurs, à peine diplômée de Sciences Po Paris, avait entendu lors de son embauche dans une grande banque qu'étant une étrangère et une femme, son salaire était diminué de 20 % par rapport à celui de ses collègues. Je ne pense pas que ce type d'aberration pourrait encore se rencontrer aujourd'hui.