Je partage assez largement votre constat. Je pense néanmoins que vous êtes un peu dure avec les responsables politiques. Même s'il s'agit parfois d'incantations, beaucoup d'initiatives ont été menées et semblent aller dans le bon sens. J'ai beaucoup travaillé sur le problème des descendants d'esclaves, notamment dans le cadre d'un débat avec le comité Marche du 23 mai 1998. Je pense qu'il est important qu'il y ait deux dates, l'une pour célébrer l'abolition de l'esclavage et une autre pour permettre aux descendants d'esclaves d'honorer leur mémoire.
Nous nous heurtons à l'insuffisance de statistiques nous permettant de mesurer les phénomènes de discrimination et donc l'efficacité des politiques publiques dans ce domaine. C'est pourquoi j'ai longtemps été partisan de statistiques ethniques, car après tout, il faut « appeler un chat un chat ». Sans statistiques, comment peut-on juger objectivement de la pertinence des actions politiques ?
Toutefois, comment tendre vers l'universalité sans tomber dans le piège des revendications sur base ethnique ? J'ai rencontré ce problème en tant que maire de Sarcelles. Les gens me disaient : « vous avez embauché quatre Africains, ou quatre Antillais, et maintenant, nous, les « Beurs », nous voulons trois places ». Au motif qu'ils ont été discriminés, ils revendiquent des places comme si c'était un droit. Comment faire ?