Pour nous, l'intérêt de nos échanges est une coconstruction du sens. Le CRAN est une association créée dans le cadre de la loi du 1er juillet 1901 relative au contrat d'association et qui relève donc des lois de la République et les respecte, comme le montrent nos actions dans la sphère publique.
Vous dites ne pas vouloir nommer pour l'instant ; en ce qui nous concerne, voici la façon dont nous désignons le racisme ou les discriminations qui nous sont rapportés. Il existe d'abord ce que l'on appelle le racisme ordinaire – les mots quotidiens, les blagues, tout ce qui, malheureusement, est commun. Ensuite, le racisme symbolique ; je pense par exemple au titre d'un livre dont la modification a suscité l'émotion tout récemment, ou au nom bizarre de certaines pâtisseries… Autant de symboles qui persistent dans la société. Enfin, le racisme institutionnel, présent dans les violences policières ou dans les discriminations en matière de santé.
Notre approche est intersectionnelle : pour nous, le racisme doit être pris en considération sous ses différentes formes. On peut être Noire et femme – recouvrant ainsi deux formes de discrimination –, Noir, femme et gay, Noir et musulman, etc. Nous questionnons l'éthique : est-elle la même pour tous ? Par exemple, en France, un médecin s'occupe-t-il comme de ses autres patients d'une femme voilée, d'un homme gay, d'une personne africaine ? C'est tout le problème des inégalités.
Nous avons mené différentes actions, dont, actuellement, celle qui concerne le chlordécone, pesticide épandu en Guadeloupe et en Martinique alors qu'il était interdit dans l'Hexagone. Il s'agit d'une question transversale : elle touche aux discriminations dans le domaine de la santé, à l'écologie et à l'économie. Voilà aussi pourquoi nous avons constitué un collège d'experts.