Le plan 2015-2018 a été analysé par la Commission nationale consultative des droits de l'homme, qui a rendu un rapport public, et l'État a commandé une évaluation à l'inspection générale de l'administration et à l'inspection générale de l'administration de l'éducation nationale et de la recherche. Leurs conclusions sont intéressantes : l'utilisation des lieux de mémoire va dans le bon sens, et la mobilisation des préfectures, des services de l'État et des instances interministérielles fait l'objet d'évaluations positives.
Notre difficulté est de trouver des indicateurs d'impact directement utilisables. L'effet d'une intervention en milieu scolaire contre des préjugés racistes ou antisémites ne peut se mesurer qu'à moyen ou long terme. Il est très difficile d'élaborer des protocoles permettant de mesurer ce type d'interventions. Nous menons depuis trois ans une étude avec SOS homophobie et Marie-Anne Valfort, économiste à l'OCDE, pour mesurer ce qui reste trois ans après une intervention contre l'homophobie en milieu scolaire. Aurons-nous réussi à détruire des préjugés, à faire reculer un certain nombre de stéréotypes ? Il est très difficile d'identifier un indicateur global reflétant l'efficacité de notre politique publique. Encourager les victimes à porter plainte et améliorer la façon dont les policiers prennent en charge ces affaires fera augmenter les statistiques. Il faut l'assumer plutôt que tenir le discours inverse aux policiers et aux gendarmes afin d'afficher moins d'actes et moins de victimes, mais au prix de lacunes dans le traitement de ces dernières.
Nous ne sommes pas parvenus à identifier un indicateur de performance, et nous nous reposons plutôt sur des indicateurs d'activité : le nombre d'interventions en milieu scolaire, le nombre de comités opérationnels de lutte contre le racisme et l'antisémitisme (CORA) tenus en préfecture, ou encore le nombre d'associations soutenues, en constante augmentation depuis trois ans.