. Ce qu'il faut comprendre, s'agissant du racisme, quel qu'il soit, c'est la violence existentielle. Si on ne saisit pas cela, on ne saisit rien. On vous renvoie, trop souvent, à être moins.
Lorsque je jouais au foot et qu'il y avait des bruits de singe sur le terrain, j'avais la chance de comprendre ce qui se passait car cela faisait très longtemps que je réfléchissais au racisme : je n'avais aucun doute sur le fait que les auteurs de ces bruits avaient un problème, et je savais d'où il venait – c'est lié à l'histoire. Mais la plus grande violence, c'est lorsque votre coéquipier, avec qui vous partagez les vestiaires et les entraînements, vient vous mettre la main sur l'épaule à la fin du match en vous disant : « ce n'est rien, ce n'est pas grave », ou lorsque les dirigeants vous disent : « ce n'est pas grave ». C'est cela, la violence.
Vous n'avez pas d'autre choix que de vouloir que cela change, car vous savez très bien que des enfants regardent et vont être violentés. Vous savez très bien que, si rien ne change, vos enfants, vos petits-enfants vont être violentés. Le racisme, je le redis, est une violence existentielle. Personne ne doit la vivre.