Les personnes que nous avons reçues ont fait passer à peu près le même message que vous. Je ne me souviens pas d'une audition où quelqu'un aurait dit que les victimes de racisme seraient, en fin de compte, la cause du racisme. Je tiens à vous rassurer sur ce point, monsieur Thuram.
La carte que vous avez montrée m'a fait penser à un livre dans lequel Christophe Colomb n'a pas réussi à rejoindre l'Amérique latine, ce qui va certainement changer la face du monde et peut-être conduire à regarder la carte à l'envers – j'ai hâte d'avancer dans cette lecture (Sourires).
Nous recevrons la semaine prochaine Jean-Michel Blanquer – il est rare qu'un ministre soit auditionné par une mission d'information. Les champs à explorer sont immenses : la formation des enseignants, les programmes, mais aussi l'orientation des enfants. Quel est votre regard sur ces sujets ?
Vous faites un travail visant à déconstruire les préjugés, à expliquer l'histoire et à changer les points de vue dans les écoles. Nous avons reçu un ancien responsable du Mémorial de la Shoah, qui fait quelque chose de similaire. Il nous a dit que tant que nous n'avons pas abattu les discriminations, les discours sur l'antisémitisme sont difficilement audibles. On peut le comprendre : quand on est soi-même victime de racisme, on peut ne pas avoir envie d'entendre parler des autres racismes, qui sont largement reconnus – certains nous disent même qu'ils le sont trop.
Comment vous y prenez-vous pour intervenir dans les écoles, au-delà des quartiers difficiles ? Il ne faut pas stigmatiser, en effet : le racisme est partout.