Les enseignants réclament des outils. Il faut mettre à leur disposition un ensemble de savoirs mobilisables sur les questions de diversité. Cela concerne toutes les disciplines, les mathématiques, la biologie, la neurobiologie, la génétique, la psychologie, la psychologie sociale ou encore la philosophie politique. Il y a aussi le langage : on enseigne des langues à l'école, on fait même un peu de linguistique parfois, mais on n'explique pas aux enfants ce que cela signifie pour notre espèce d'être capable de parler.
Comme le disait Roland Barthes, chaque mot est en lui-même un stéréotype. Il faut déconstruire régulièrement les mots et faire prendre conscience aux gens qu'ils peuvent développer spontanément des attitudes de type discriminatoire. Les mots nous enferment : les trois races, blanche, noire et jaune, existent parce que nous avons les mots pour le dire. On pourrait penser que le racisme n'existe pas dans le monde animal, parce qu'on ne peut pas y fabriquer ces catégories.
Il existe un ensemble de connaissances formelles qu'il est très important de diffuser en fabriquant un outil facile à utiliser par des enseignants de différentes disciplines. Cela pourrait contribuer à outiller les gens, à les aider à comprendre la diversité – il y a la diversité physique et culturelle ainsi que toutes les interactions sociales qui en découlent. Je ne dis pas que c'est facile mais je ne vois pas comment on pourrait faire autre chose qu'apprendre aux gens qui ils sont. C'est l'adage grec « connais-toi toi-même » Il faut en passer par là pour que les rapports entre les individus se pacifient. Ils sont très facilement enflammés par les discours dominants, cela a été dit.