Intervention de Jean-Daniel Lévy

Réunion du mardi 29 septembre 2020 à 17h00
Mission d'information sur l'émergence et l'évolution des différentes formes de racisme et les réponses à y apporter

Jean-Daniel Lévy, directeur général adjoint du département politique et opinion de Harris interactive :

Le débat sur l'approche socio-ethnique n'existait pas il y a quelques années. Notre démarche s'inscrit dans la perspective évoquée précédemment : ce n'est pas nous qui assignons une identité aux personnes que nous interrogeons, ce sont elles qui s'auto-définissent. Dans une enquête que nous avons menée en Seine Saint-Denis, nous avons observé un lien entre la manière dont les personnes se définissaient et la façon dont elles percevaient les discriminations dont elles pouvaient être victimes.

S'agissant des statistiques ethniques, nous disposons aujourd'hui d'un outil formidable qui est l'INSEE. Les statistiques produites pour la France sont extrêmement complètes et précises comparées aux données que l'on peut trouver dans d'autres pays. Les données dont nous disposons, le sexe, l'âge, la catégorie sociale, le niveau de diplôme et la localisation géographique, nous permettent de disposer d'un référentiel qui assure la représentativité des personnes interrogées. Cette entreprise est beaucoup plus délicate dans d'autres pays. La question des statistiques socio-ethniques est peut-être davantage politique, elle concerne le recueil de l'information. Aux États-Unis, la réponse donnée peut être à caractère ethnique ; lorsque nous discutons de ce sujet avec nos collègues américains, ils ne comprennent pas comment nous pouvons analyser l'opinion sans savoir ce que pensent les Noirs ou les Asiatiques. La réponse apportée en France n'est pas établie à partir de données ethniques, mais à partir d'informations sociales, générationnelles ou géographiques.

S'agissant du recueil de l'information, l'enjeu est de s'assurer que nous avons bien « en petit » l'image de la société française en grand. Nous n'avons pas besoin pour cela de statistiques ethniques.

Nous avons identifié le racisme anti-Chinois de manière très fugace au début de la pandémie, en février et mars. Lors de la restitution du confinement, nous avons perçu une tension vis-à-vis des Chinois chez environ 15 % des personnes interrogées. Au fur et à mesure que la pandémie est devenue mondiale, le questionnement s'est déplacé des causes de la maladie aux moyens d'y faire face. Le regard critique porté sur les Chinois s'est alors estompé. Nous observons rarement aujourd'hui des opinions hostiles aux Chinois.

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