Si le thème de la compétition mémorielle n'émerge pas spontanément dans le discours des Français, il est bien présent. Nous avons réalisé il y a quinze jours, en partenariat avec France 2, une enquête pour le Journal du dimanche (JDD) et l'UEJF sur les jeunes et la transmission de la mémoire de la Shoah. Le sondage, qui a été très peu repris, était plutôt rassurant. Il révélait une connaissance assez précise du génocide. La réponse la plus inquiétante indiquait qu'un tiers des jeunes considèrent qu'on parle trop de la Shoah, et que cela occulte d'autres formes de violence comme l'esclavage et le colonialisme. Ce phénomène doit être pris en compte, d'autant que dans l'espace public, un mouvement « racialiste » entretient la polémique sur la concurrence des mémoires. Ce phénomène, encore peu présent dans l'opinion publique, doit être surveillé.
En ce qui concerne le racisme anti-Blancs, nous avons testé au mois de juin une série d'expressions qui s'étaient répandues dans les réseaux sociaux et dans les débats politiques, comme « le racisme anti-Blancs », « le privilège blanc » et « le racisme d'État ». Nous demandions aux personnes sondées si ces termes correspondaient pour elles à la réalité. 47 % des personnes interrogées considéraient que le racisme anti-Blancs correspondait à une réalité, contre 32 % pour le « privilège blanc » et à 30 % pour le racisme d'État. Nous observons en outre une importante fracture générationnelle : plus les personnes interrogées sont âgées, plus elles perçoivent le racisme anti-Blancs comme une réalité. À l'inverse, le racisme d'État était surtout perçu comme une réalité par la population âgée de 18 à 24 ans.