Merci beaucoup, monsieur le ministre. Je ne profiterai pas de ma position pour monopoliser la parole, car de nombreux collègues souhaitent vous poser des questions. Je voudrais simplement revenir sur la dernière partie de votre intervention.
Un intellectuel, ancien président – contesté – du Conseil représentatif des associations noires de France (CRAN), vient de publier un ouvrage qui s'intitule Les Impostures de l'universalisme. Il y développe la thèse que vous avez évoquée, à savoir que l'universalisme républicain serait en réalité une violence contre les cultures d'origine, qui se manifesterait notamment à l'école. En creux, on y lit une critique du modèle d'assimilation républicain, dont on peut par ailleurs discuter. Je me demande donc, et cette question me paraît fondamentale, comment l'école gère la concurrence des mémoires et des origines. Celle-ci est en effet exacerbée, notamment dans les établissements scolaires.
D'un point de vue plus pratique, l'école développe de nombreuses coopérations avec des associations œuvrant dans le domaine de l'éducation et de la citoyenneté : selon vous, les actions en ce sens sont-elles suffisantes, et quels dispositifs d'encadrement l'éducation nationale met-elle en œuvre au niveau local ? En effet, il importe de vérifier que ces interventions en milieu scolaire, qui, par définition, se distinguent du discours des professeurs – lesquels, pour leur part, sont de plus en plus formés aux enjeux du racisme, comme vous l'avez rappelé –, sont compatibles avec le projet que vous avez défendu. Il faut se garder d'alimenter la concurrence des mémoires, qui aboutit à une forme d'individualisme, de « moi je » – qu'est-ce que l'on fait pour mes droits, pour ma communauté, pour ma religion ? – que l'on observe dans la société française, en particulier chez les plus jeunes.