Ma première question concerne la diversité et la visibilité. Nous avons beaucoup entendu parler, pour lutter contre le racisme, de la notion d'exemplarité, liée à la possibilité offerte aux jeunes de voir que la diversité existe. Certes, les statistiques ethniques sont interdites, mais force est de constater – je puis en témoigner, ayant moi-même été enseignante – qu'en dehors de la région parisienne, les professeurs issus de la diversité sont rares. Je trouve cela dommage, car si les élèves étaient confrontés directement à des professeurs « différents », le dialogue serait peut-être plus serein.
Ma seconde question, que j'ai déjà eu l'occasion de vous poser, concerne la place des pratiques artistiques à l'école – j'aime à y revenir, vous le savez. Dans le cadre de la mission d'information sur la radicalisation dans les services publics, des enseignants nous avaient raconté comment, par l'intermédiaire du théâtre, en travaillant sur des textes de Rachid Benzine, par exemple, certains jeunes, en étant ainsi confrontés à l'histoire parfois douloureuse de leur pays d'origine ou de celui de leurs parents, arrivaient à dire et à comprendre des choses qu'il n'est forcément possible de faire passer par l'instruction civique, si importante soit-elle, la géographie ou l'histoire. Il me semble donc important de développer la pratique théâtrale à l'école : c'est un outil de remédiation, non seulement pour certaines difficultés d'apprentissage, mais surtout pour la difficulté qu'ont certains jeunes à se voir tels qu'ils sont et à renouer un lien avec leur histoire familiale.