De nombreux dispositifs tels que la loi du 23 novembre 2018 portant évolution du logement, de l'aménagement et du numérique, dite loi ÉLAN, ont été mis en œuvre pour améliorer la mixité. Comme l'a déclaré le Président de la République, l'enjeu ne peut pas se résumer à des questions de politique de peuplement et de loi sur l'accession.
De mon point de vue, gagner en mixité nécessite de rendre un territoire attractif pour des habitants qui ne sont pas dans des situations fragiles. Il faut proposer une qualité de vie, avec des écoles, des outils de mobilité et une réputation. La mixité est un combat collectif qui doit s'appuyer sur de nombreux domaines. Si vos écoles et vos transports ne fonctionnent pas, que vous faites face à des problèmes de sécurité, que votre territoire ne propose pas d'emploi, vous n'y parviendrez pas.
Il existe cependant des endroits dans lesquels les populations qui ne sont pas en situation de fragilité ne souhaitent pas habiter. Par défaut, vous êtes donc contraint d'y placer celles qui n'ont pas d'autre choix.
Au-delà des attributions de logements, nous devons adopter une politique beaucoup plus globale et multisectorielle.
En ce qui concerne la loi du 13 décembre 2000 relative à la solidarité et au renouvellement urbain, dite loi SRU, et les logements sociaux, il existe un sujet de péréquation entre territoires, certains en concentrant trop et d'autre trop peu. Une solution pourrait être d'imposer une forme de mixité dans des immeubles, plus au niveau d'un quartier, avec des logements privés et d'autres achetés par les bailleurs sociaux.
Quand un quartier prioritaire compte 10 000 habitants, il est complexe d'y attirer et d'y faire rester les classes moyennes. Il est humain de vouloir une maison avec un jardin, donc de partir quand on réussit. Pour ma part, quand j'étais jeune, je me suis empressé de quitter le quartier dans lequel j'avais grandi.
Les actions entreprises en Seine-Saint-Denis actuellement sont intéressantes. De nombreuses mesures sont prises pour renforcer l'attractivité du territoire et faire en sorte que ceux qui s'y installent y restent, grâce à des primes de fidélisation. Cette méthode est judicieuse, mais il sera nécessaire de réfléchir à d'autres leviers. Proposer des filières d'excellence éducative dans les quartiers, avec des langues rares, pourrait par exemple attirer certaines classes de population. À Toulouse, un collège a été reconstruit en lisière d'un quartier prioritaire et d'un non prioritaire pour assurer la mixité. Ces petits pas de côté peuvent aider à donner du sens.