. L'une des réponses est la formation : des enseignants, des élèves, de tout le personnel. Dans les quartiers populaires, sensibles, zones d'éducation prioritaire ZEP+, le besoin de former tous les intervenants publics ou privés est d'autant plus fort.
Avec l'Agence nationale de la cohésion des territoires, anciennement commissariat général à l'égalité des territoires (CGET), et le Centre de formation des personnels territoriaux (CNFPT), nous avons lancé un programme de trois jours et un d'une journée, ainsi que deux MOOCs dont l'un spécifiquement destiné aux élus locaux. De nombreux responsables ont besoin de savoir ce qui est permis et ce qui est interdit. Nous utilisons aussi des études de cas, selon des méthodes participatives. Nous avons ainsi formé 45 000 stagiaires en trois ans, des travailleurs sociaux, des bénévoles d'association, des fonctionnaires territoriaux ou nationaux et des personnalités diverses. Nous nous réjouissons que la ministre chargée de la ville, Nadia Hai, ait décidé de renforcer ce programme. Les taux de satisfaction sont excellents puisque 97 % ont jugé la formation utile.
Nous souhaitons une coordination accrue des préfets, des élus locaux, des ministères et des associations représentatives, sur tous les sujets liés à la laïcité, la mixité, et aux inégalités. C'est certainement ainsi, en s'appuyant sur des personnalités influentes dans les communautés – pas forcément religieuses – que l'on parviendra à construire l'islam de France. Elles peuvent peser dans le débat, en y associant davantage de femmes et de jeunes.
À côté des « territoires perdus de la République », il y a les « territoires vivants », dont nous ne parlons pas assez. M. Nuñez, qui a été préfet dans des secteurs difficiles, a souligné la « formidable énergie républicaine » de ces quartiers. Ces propos ont été très peu repris, alors qu'ils sont fondamentaux.
La Seine-Saint-Denis est par exemple l'un des départements qui comptent le plus fort taux de création d'entreprises par des jeunes.
À certains endroits nous avons réussi la mixité scolaire, notamment dans le 18ème arrondissement de Paris ou en Haute-Garonne. Un travail exemplaire y a été conduit, en partenariat entre le conseil départemental, l'éducation nationale et la préfecture. Le conseil départemental a détruit un collège du quartier pauvre. Après de longues discussions avec les représentants des parents et des élèves, il a reconstruit un collège à la frontière avec un quartier aisé. La carte scolaire a été modifiée pour que l'établissement accueille des jeunes de quartiers différents. La démarche a fonctionné.
Ces exemples devraient être mieux analysés pour les faire connaître, même si la démarche reste extrêmement difficile. J'ai moi-même été élu départemental, municipal et député. Je sais à quel point les meilleures volontés se heurtent à différentes réticences. Nous ne les vaincrons qu'en faisant connaître les réussites.