Intervention de Patrick Haddad

Réunion du mercredi 28 octobre 2020 à 9h00
Mission d'information sur l'émergence et l'évolution des différentes formes de racisme et les réponses à y apporter

Patrick Haddad, maire de Sarcelles, représentant de l'Association des maires de France (AMF) :

Je vous remercie de me recevoir. Je ne m'attarderai pas sur mon intervention liminaire, afin de garder de la matière pour répondre à vos questions.

La répartition des compétences n'est pas la première question que l'on se pose lorsque l'on a affaire à la problématique du racisme. En effet, en tant qu'élus locaux, nous avons forcément un rôle à jouer, de par la proximité que nous entretenons avec les citoyens, qui nous attendent sur cette question. Dans une ville comme Sarcelles, nous souhaitons nous saisir de cette problématique à bras-le-corps et utiliser toutes les marges de manœuvre dont nous disposons, sans obligatoirement nous interroger sur ce que sont celles des autres.

Ainsi, il y a un an, nous avons lancé un plan de lutte contre le racisme, l'antisémitisme et les discriminations, afin de couvrir un spectre assez complet. Nous avons également mené des actions liées aux discriminations subies par les femmes et sur la place de la femme dans une ville comme Sarcelles.

Dans ce cadre, nous nous sommes tournés vers divers partenaires pour pouvoir être appuyés, cofinancés et nous doter d'une méthodologie d'intervention, afin de ne pas fonctionner en cercle fermé. En effet, nous connaissons bien notre ville et nous appuyons sur des acteurs locaux.

Nous avons évidemment travaillé avec la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (LICRA) et avons obtenu quelques cofinancements de ce point de vue. Nous avons également travaillé avec la communauté d'agglomérations qui chapeaute plusieurs villes pouvant rencontrer des problématiques similaires et est compétente en termes d'emploi et de développement économique. Ceci permet de mener des actions contre la discrimination à l'embauche, notamment. Nous avons enfin sollicité de grandes associations nationales de l'antiracisme, qui peuvent apporter de la visibilité, de la méthodologie et des intervenants.

Dans un premier tour de table, nous avons retenu SOS Racisme, la LICRA et l'Union des étudiants juifs de France (UEJF). Partant, nous sommes à même de mobiliser des acteurs locaux pour construire, ensemble, des actions de proximité qui visent, d'une part, à lutter contre toutes les formes de racisme et, d'autre part, à rapprocher et éclairer les points de vue. C'est important dans une société malheureusement marquée par l'échec scolaire et dans laquelle les gens se structurent – ou se déstructurent – beaucoup sur les réseaux sociaux qui tendent à créer des cercles concentriques comprenant des personnes qui pensent la même chose et peuvent répéter, à l'envi, des discours parfois antirépublicains et complotistes. C'est d'autant plus le cas que, du point de vue de la liberté de parole, les réseaux sociaux sont souvent des zones de non-droit. Nous avons donc un rôle essentiel à jouer dans la connaissance locale des populations, pour travailler avec elles et déployer des actions très concrètes permettant de lutter contre les préjugés et d'expliquer d'où vient le racisme et comment on le combat. L'objectif est de créer un espace commun entre différentes parties de la population.

Pour revenir sur la question des compétences, je pense qu'une ville, de par la connaissance qu'elle a de ses différents quartiers et de ses populations, est le bon maillon pour agir localement. Mais plus l'on est appuyé, mieux l'on se porte, que ce soit en termes de méthodologie d'intervention, de cofinancement d'actions, ou de logiques dites de benchmarking à partir d'actions ayant fait leurs preuves ailleurs et que nous pouvons transférer, moyennant des adaptations au contexte local.

Nous sommes donc extrêmement preneurs de travaux menés en partenariat sur cette question.

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