. Ce sont des propos pernicieux qui veulent faire peser la culpabilité sur les victimes de l'antisémitisme. Les Français juifs ne s'inscrivent pas dans cette concurrence mémorielle, bien au contraire. Ils n'ont pas la prétention de penser que, hormis la Shoah, il n'y ait pas d'autres mémoires, il n'y ait pas d'autres génocides qu'il soit utile d'enseigner.
Chaque mémoire doit être enseignée avec sa spécificité, sans hiérarchie. Il se trouve que, parmi les drames qu'a traversés l'humanité, la Shoah est le plus récent qu'ait connu notre pays. Il y a encore des gens qui sont des survivants de la Shoah et qui ont encore sur leur main le tatouage fait par les nazis dans les camps de concentration. C'est à ce rejet que nous assistons. Le fait de mettre certains devant une réalité incontestable, faite de témoins vivants crée cette difficulté.
Mais il n'est pas question de nous inscrire dans une quelconque concurrence mémorielle.
Chaque mémoire a sa spécificité, chacune doit être enseignée de la même manière, sans aucune primauté, et chaque mémoire – et je crois que c'est le cas dans notre pays – est enseignée. En effet, on y enseigne l'ensemble des drames humains qui ont traversé l'humanité récente et parfois même moins récente.
C'est un faux procès que l'on fait et qui a été initié notamment par les négationnistes. Certains veulent nier une mémoire pour faire triompher une autre mémoire. Tel est le drame auquel nous sommes confrontés aujourd'hui face au négationnisme qui est une part importante, aussi, de l'antisémitisme.