Intervention de Henri Nickels

Réunion du jeudi 5 novembre 2020 à 12h00
Mission d'information sur l'émergence et l'évolution des différentes formes de racisme et les réponses à y apporter

Henri Nickels, coordinateur des programmes, coopération institutionnelle et réseaux de l'Agence des droits fondamentaux de l'Union européenne :

. Ce sont les actions que l'État peut mener pour faire en sorte que les personnes portent plainte, sans pour autant déléguer le sujet. L'État doit travailler avec d'autres entités pour permettre aux personnes de porter plainte en toute confiance et d'obtenir un résultat. Il faut respecter toute la chaîne (la plainte, l'enquête, les poursuites) et faciliter l'accès à la justice.

En ce qui concerne l'antisémitisme et l'élargissement que vous mentionnez, tout comme il existe différentes formes de racisme, il existe différentes formes d'antisémitisme. Ces formes d'antisémitisme cohabitent. Dans les pays de l'Union européenne, nous voyons se dessiner différents groupes d'auteurs des faits. Quand nous interrogeons les personnes victimes de harcèlement antisémite, nous leur demandons qui est l'auteur des faits. Ce sont des questions à choix multiples. Pour les 12 pays dans lesquels nous avons travaillé, dans 31 % des cas l'auteur des faits est identifié comme un islamiste, dans 20 % des cas comme une personne d'extrême droite, dans 15 % des cas comme étant d'extrême gauche et il y a aussi des catholiques extrémistes. Ce sont des moyennes, car les variations sont grandes selon les pays. Il est extrêmement important de prendre en considération ces différentes formes d'antisémitisme et de ne pas se focaliser sur l'une aux dépens des autres. On ne peut pas appliquer les mêmes méthodes pour combattre l'antisémitisme d'extrême droite et celui des islamistes. Si nous essayons d'adopter une approche globale ne prenant pas en compte ces différences, il sera difficile de combattre le phénomène de façon efficace.

Le Conseil de l'Union européenne a produit une déclaration pour combattre l'antisémitisme et assurer la sécurité des communautés juives le 6 décembre 2018. La Commission européenne a créé un groupe de travail sur l'application de cette déclaration du Conseil. Différents aspects ont été étudiés : l'éducation, l'enseignement de la Shoah, la sécurité des communautés juives et les stratégies nationales des États membres. La France est un des rares États dotés d'une stratégie contre l'antisémitisme. Six pays possèdent déjà une stratégie et sept autres sont en train d'en développer une. De la même façon, seuls quinze États membres possèdent une stratégie en matière de lutte contre le racisme, même si tous s'étaient tous engagés à adopter une stratégie après la déclaration de Durban en 2001.

Avec les réseaux sociaux, dans le contexte de pandémie de covid-19, nous avons vu les théories de conspiration antisémite pulluler sur internet. Les personnes disent que la pandémie est de la faute des juifs ou qu'Israël possède déjà un vaccin ou que les juifs bénéficient financièrement de la pandémie. Ce sont de vieux mythes qui sont remis au goût du jour. Avec cette prolifération sur les réseaux sociaux, le problème est que de nombreuses personnes ne possèdent pas les clés pour déchiffrer ces messages et comprendre qu'il s'agit d'un propos antisémite. Elles trouvent une vidéo amusante et l'envoient à leurs amis, de façon à ce que la vidéo devienne virale. À force de voir ces contenus, les personnes sont désensibilisées.

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