Intervention de Caroline Abadie

Réunion du mardi 17 novembre 2020 à 18h00
Mission d'information sur l'émergence et l'évolution des différentes formes de racisme et les réponses à y apporter

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCaroline Abadie, rapporteure :

Merci, madame la ministre : vous nous donnez beaucoup d'espoir grâce à votre enthousiasme et votre optimisme.

Ma première question portait sur la dimension interministérielle de votre action. Dans votre propos liminaire, vous nous avez parlé de justice, d'éducation et d'armée : on voit bien que votre ministère travaille avec toutes les administrations. Cela dit, en ce qui concerne les ressources humaines dans les ministères, nous avons auditionné un certain nombre de personnes et, chaque fois que nous les avons interrogées sur ce qu'elles faisaient pour lutter contre le racisme et favoriser l'égalité des chances, elles ont répondu que les administrations centrales mêmes n'étaient pas encore tout à fait exemplaires. Avez-vous abordé cet enjeu avec les différents ministères ? Cela pourrait être un angle d'attaque pour donner des modèles aux jeunes, car travailler dans un ministère constitue une belle réussite.

En mai et en juin, durant le mouvement de protestation, certaines personnes disaient qu'il n'y avait jamais eu de ministre de couleur en France. C'était bien évidemment faux. Avant 2017 il y avait des exemples comme le vôtre. Peut-être ne sont-ils pas assez nombreux ; toujours est-il que c'est comme si la mémoire collective les effaçait rapidement. Comme vous le disiez, nous ne mettons pas suffisamment en valeur ces modèles. Il faut également les désacraliser aux yeux des jeunes, pour que ces derniers se rendent compte que ces personnes‑là aussi ont réussi en partant de rien ; c'est très difficile, je l'entends, mais ce n'est pas impossible.

Cela me ramène à la terminologie, sur laquelle je m'interroge depuis plusieurs semaines, car les mots ont une importance. Le terme « discrimination » est-il le bon ? S'il y a des discriminations, cela veut dire qu'il existe aussi des victimes – or ces discriminations peuvent être résiduelles, involontaires, et il n'y a pas de « bourreaux ». Comment se sentir citoyen à part entière de la République quand les mots font de soi une « victime » ? En me reportant à l'intitulé de votre portefeuille, je constate qu'il ne comporte que des mots qui rassemblent, pas des mots qui divisent. Quelle est votre réflexion sur la question de la terminologie ?

Enfin, votre approche territoriale m'intéresse beaucoup. Je suis députée de l'Isère, dans une circonscription comprenant un peu de ruralité et une petite ville de 30 000 habitants, où l'on peut rapidement se sentir loin de tout, même si, heureusement, Lyon n'est pas très loin. Dans certains endroits, en France, il n'y a aucun lieu de mémoire officiel, en dehors du monument aux morts que l'on trouve dans chaque village : s'agissant de la décolonisation et de l'esclavage, il n'y a pas de musée où l'on peut emmener les jeunes pour leur expliquer ce qui s'est passé. Il n'y a pas non plus de préfet délégué pour l'égalité des chances dans tous les départements. S'agit-il de relais sur lesquels vous pouvez vous appuyer ? Comment envisagez-vous un meilleur maillage territorial ?

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