Intervention de Elisabeth Moreno

Réunion du mardi 17 novembre 2020 à 18h00
Mission d'information sur l'émergence et l'évolution des différentes formes de racisme et les réponses à y apporter

Elisabeth Moreno, ministre déléguée :

L'exemplarité est fondamentale. L'État se doit d'être exemplaire : on ne peut prôner un principe qu'on ne respecte pas soi-même. Mon cabinet, par exemple, est parfaitement paritaire, alors que l'on m'avait dit que je n'y arriverais pas. Or, non seulement j'y suis arrivée, mais, à nous tous, nous représentons environ dix nationalités. C'est cela, l'histoire de notre pays ; c'est cela qui fait sa beauté. Quand les personnes en question vous parlent de leurs origines, elles en sont fières.

En formant un cabinet paritaire, qui reflète en outre la pluralité de notre pays, non seulement je montre à mes collègues que c'est possible, mais je fais en sorte qu'il ressemble aux personnes auxquelles nous nous adressons. Lorsque j'étais cheffe d'entreprise, je pouvais aller partout et parler avec tout le monde parce que je me reconnaissais en chacun et que chacun pouvait se reconnaître en moi. C'est la raison pour laquelle je travaille à la mise en lumière des « rôles modèles » : en tant que ministre chargée de la diversité, il est important que je montre aux gens les personnes auxquelles ils peuvent s'identifier.

Les gens croient, avez-vous dit, qu'il n'y a jamais eu de ministres noirs. Peut-être ne s'intéressent-ils pas à la politique, car il y en a eu de nombreux. Mais l'ont-ils été suffisamment et ont-ils occupé des postes importants, marquants ? Non : c'est peut-être là que réside le problème. Néanmoins, Nicolas Sarkozy a ouvert la porte à la diversité, et Emmanuel Macron a fait un travail remarquable en la matière : l'Assemblée nationale ressemble aujourd'hui à notre France, et c'est fondamental.

Il faut, comme l'a fait le Président de la République au Panthéon, célébrer les grandes figures historiques – Léon Gambetta, Marie Curie, Joséphine Baker, Félix Éboué, Gisèle Halimi… – dont nous sommes fiers et qui sont attachées à l'histoire française. Car, en célébrant les artistes et les sportifs issus de la diversité, nous faisons exister la beauté de la diversité de notre pays, qui est une véritable force. Mais nos concitoyens doivent avoir également connaissance du parcours des femmes et des hommes qui incarnent au quotidien les valeurs de la République et qui s'illustrent par leur travail et leurs mérites. Je suis en train de réfléchir à la meilleure manière de mettre en lumière ces personnalités, que ce soit dans les médias, dans la fonction publique ou dans le cadre des distinctions honorifiques de la République. Il s'agit de raconter une histoire plus positive de la diversité dans notre pays.

Le travail de la DILCRAH est très important. L'appel à projets local, qui complète le travail accompli sur le terrain par les comités opérationnels de lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT présidés par les préfets, a fait émerger plus de 800 projets, notamment dans des territoires où l'on n'a pas la possibilité de parler de ces sujets de manière aisée. Pour cela, nous devons nous appuyer sur les associations, qui peuvent se déplacer dans l'ensemble de la France et qui prennent en compte les particularités locales. Nous avons été très impressionnés par la créativité des projets suscités dans ce cadre.

Les préfets délégués à l'égalité des chances sont rattachés à la politique de la ville ; je ne peux donc répondre précisément à votre question. En tout état de cause, il est fondamental de lutter contre le racisme au plus près du terrain, avec les associations. La DILCRAH soutient ces actions et nous continuerons de les soutenir, car il ne faut pas que les mesures diffèrent selon les territoires.

Enfin, la discrimination est un délit puni par le code pénal. Cette qualification pénale n'est, hélas ! pas encore suffisamment connue de tous. Nous devons donc travailler avec le ministère de l'intérieur et celui de la justice pour nous assurer, premièrement, que les sanctions, lorsqu'elles sont justifiées, sont exemplaires et, deuxièmement, que chacun sait qu'il peut être puni pour avoir commis un acte raciste ou discriminant. De fait, si certaines discriminations sont volontaires, d'autres ne le sont pas. Lorsque le patron d'une PME refuse, par exemple, de recruter une femme enceinte parce qu'il a besoin de quelqu'un d'immédiatement opérationnel, il ne s'en aperçoit pas mais il discrimine. Nous devons donc former, sensibiliser à ces questions ; le rôle de l'école est très important à cet égard. Ce travail ne sera jamais achevé, car de nouvelles questions surgiront toujours.

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