Je vous remercie d'avoir pensé à nous. Le CESE rend des avis sur les questions économiques, sociales ou environnementales. Nous ne traitons pas, de façon transversale, un sujet tel que le racisme. Toutefois, dans le cadre des lois républicaines, nous abordons un certain nombre de questions et avons mis en place des partenariats avec des structures qui peuvent diffuser leurs connaissances à l'ensemble des 80 organisations du Conseil, qui représentent 15 à 20 millions d'adhérents.
Nous sommes en République dans un état de droit. Le racisme comme l'antisémitisme sont des délits condamnables. Malgré cela, le racisme perdure.
Nous traitons de ces sujets dans l'ensemble des questions de la formation professionnelle, du recrutement dans la fonction publique ou du recrutement dans les entreprises. Dans nos avis, nous émettons des recommandations sur les discriminations à caractère racial ou ethnique.
Prenons le sujet des travailleurs détachés. Il y a deux façons de concevoir les travailleurs détachés. Soit on considère « qu'à travail égal, salaire égal » sur un même lieu de travail, soit on considère que le plombier polonais nous embête. En d'autres termes, soit on prend le problème du point de vue de l'intérêt général et réglementaire, ce qui nous conduit à tenir compte de la libre circulation des travailleurs en Europe, soit on dit qu'il n'existe plus de circulation libre en Europe et les étrangers ne viennent plus travailler chez nous.
Lorsque nous travaillons sur les discriminations raciales dans les entreprises, qui sont un sujet extrêmement complexe, nous émettons des recommandations et des rappels, mais nous n'avons pas les moyens de vérifier qu'un CV d'une jeune femme qui s'appelle Samira ou d'un jeune homme qui s'appelle Mouloud n'est pas jeté à la poubelle. Il n'est pas possible de vérifier la promotion des personnes, sinon en ayant leur patronyme, ce qui est interdit en France. Nous n'avons pas les mesures de discrimination positive comme c'est le cas aux États-Unis. Ce sujet de la discrimination raciale en entreprise fait l'objet d'un débat et d'une action quasi permanents.
L'action du CESE s'appuie sur des avis, qui, à chaque fois, rappellent les principes. Et dans le même temps, nous avons des associations qui sont dévolues à cette action contre le racisme et les discriminations. Par exemple, la fondation TF1 qui est dirigée par Mme Samira Djouadi, travaille avec TF1 sur la discrimination dans le domaine des stages pour des garçons et des filles venant généralement de la banlieue et ayant des patronymes d'origine maghrébine ou africaine. Nous avons aussi une radio qui s'appelle Beur FM, présidée par M. Nacer Kettane, qui diffuse sur un périmètre d'un à deux millions de personnes en région Île-de-France et qui réalise un travail considérable de lutte contre les discriminations.
Le CESE émet des recommandations pour que les idées de défense de la République et de la lutte contre le racisme imprègnent nos organisations. À cette fin, nous avons aussi noué deux partenariats. Le premier a été établi avec le palais de la Porte-Dorée, qui abrite le Musée national de l'histoire de l'immigration, avec lequel nous menons un travail sur l'histoire de l'immigration et sur l'origine via un certain nombre d'expositions. Les salariés sont en général sensibilisés, et nous considérons qu'il est très important que les professions libérales, les artisans, ou encore le Mouvement des entreprises de France (MEDEF), la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) le soient également. Nous avons émis un avis assez important sur les réfugiés, Parcours et politiques d'accueil des demandeurs et demandeuses d'asile dans l'Union européenne en 2018. Cet avis a donné lieu à un travail commun avec le palais de la Porte-Dorée et le ministère des Affaires étrangères. Les recommandations en découlant donnent un état d'esprit général à toutes les organisations composant le CESE.
Le second partenariat a été établi avec la Fondation pour la mémoire de la déportation, intitulé « Mémoire et vigilance ». Dernièrement, nous avons mené un travail avec des philosophes et des chercheurs sur une comparaison entre les années trente et aujourd'hui. Nous avons également réalisé un autre travail sur les femmes dans la déportation avec la délégation aux droits des femmes du CESE.
Nous ne pouvons pas échapper à l'histoire de France. Je pense par exemple à l'ancien président du palais de la Porte-Dorée, M. Benjamin Stora, qui rédige un rapport pour le Président de la République sur la mémoire de la guerre d'Algérie. La France a un passé lourd, en direction de l'Indochine, mais surtout de l'Afrique et du Maghreb. Nous tenons compte de ces questions. Pour la commémoration de la déportation, nous emmenons des responsables de groupes du CESE visiter le camp des Milles. Ce travail de sensibilisation fait partie des valeurs du Conseil. L'an prochain, nous poursuivrons nos actions avec la Fondation pour la mémoire de la déportation. Nous renouvellerons notre partenariat avec le palais de la Porte-Dorée, fondé sur des échanges d'expositions, telles que celle, remarquable, sur l'apport de la musique de l'immigration dans la musique française. Des agents du musée étaient venus travailler avec des membres du CESE.
Nous avons des relations avec 90 conseils dans le monde entier. Nous les avons sensibilisés sur les actions que nous menons sur les discriminations.
Cette démarche ne se pratiquait pas auparavant de façon aussi volontariste mais nous pensons qu'il existe en France un réel problème de discrimination. Si nous ne le réglons pas, il ne faudra pas s'étonner que des indigénistes prennent la main.
Il serait enfin utile que le CESE soit à l'image de la société française. Lors du dernier renouvellement, j'avais joint le Conseil social de l'époque en leur faisant remarquer que la diversité était nécessaire et je pense que cet objectif sera atteint lors du prochain renouvellement.