Parmi les éléments de politique publique que nous mettons en avant, nous avons un certain nombre de recommandations pour les écoles et les lycées que nous avons intégrées dans nos avis sur l'éducation. Elles soutiennent la mixité, c'est-à-dire le fait de modifier les cartes scolaires, de veiller au parcours des élèves et au décrochage scolaire, qui est considérablement accentué aujourd'hui. S'agissant de la formation professionnelle et des stages, nous appuyons des associations qui procèdent à la vérification de l'égalité de traitement. Dans les branches et dans les entreprises, nous proposons qu'une politique de ressources humaines portant sur la diversité soit mise en œuvre. Cela implique qu'une personne soit chargée de veiller au respect de la diversité pour l'embauche et le déroulement de la carrière. Ce sont des choses élémentaires, mais qui sont très difficiles à mettre en place. Dernièrement, j'ai été en contact un représentant du MEDEF qui en était convaincu. La personne me disait pourtant qu'elle avait un mal fou, dans telle grande entreprise, à faire en sorte qu'il y ait une personne responsable de la diversité qui ait les coudées franches pour recruter dans certains centres d'apprentissage, dans certaines banlieues.
Pour revenir sur le racisme et l'antisémitisme, je souligne qu'il ne s'agit pas des mêmes histoires. La Shoah, qui repose sur une décision d'exterminer 6 millions de juifs et a pris place dans une guerre effrayante, n'est pas comparable à d'autres crimes contre l'humanité. Au CESE, nous avons organisé un débat sur les femmes dans la déportation. De nombreuses femmes chercheuses ont participé à ce débat. L'une d'entre elles a souhaité conclure sur la répression des Tutsis. Je lui ai dit qu'il ne s'agissait pas de la même situation, même si les deux situations sont horribles. L'antisémitisme répond à un certain nombre de théories et d'objectifs propres. L'antisémitisme est peut-être une forme de racisme, mais il vise la population de religion juive.
Le racisme concerne tous ceux qui ne sont pas comme la population dominante d'un pays. Nous devons traiter toutes les déviances extrêmement graves contre les libertés, et les agressions niant le respect dû à la personne humaine. La mémoire de la Shoah et de la Deuxième Guerre mondiale se traite en tant que telle.
L'enseignement a un rôle important à jouer sur ces questions. Le cas de M. Samuel Paty est un exemple dramatique. Sur un certain nombre de terrains, il ne faut rien lâcher. Dans l'éducation, un travail complet doit être conduit avec les enseignants, la hiérarchie et le ministère de l'éducation nationale pour que cette discussion soit menée dans les établissements scolaires. Le nombre d'enseignants qui ne peuvent pas terminer leur cours sur la Seconde Guerre mondiale en parlant de l'holocauste était très important. Nous observons à nouveau une montée des actes antisémites. En même temps, une discrimination à caractère racial subsiste.
Je crois que rien n'est perdu. Pour preuve, vous avez pris cette initiative très intéressante. En conclusion, nous considérons au CESE que cette question est plus importante à traiter qu'il y a dix ou quinze ans.