Intervention de Jean-François Colombet

Réunion du mardi 1er décembre 2020 à 17h00
Mission d'information sur l'émergence et l'évolution des différentes formes de racisme et les réponses à y apporter

Jean-François Colombet, préfet de Mayotte :

. Ma réponse est personnelle et n'engage absolument pas le gouvernement que je représente à Mayotte. L'État conduit ici une politique de convergence pour rapprocher le standard mahorais du standard métropolitain : je pense qu'elle est utile, voire indispensable sur les sujets sociaux, notamment sur le code de la sécurité sociale. Pour le reste, compte tenu du retard considérable de Mayotte en matière d'infrastructures et de niveau scolaire, compte tenu du niveau de pauvreté absolue, notamment dans les bidonvilles, je pense qu'il faut également conduire une politique de différenciation. C'est une question d'équilibre. Il faut néanmoins respecter un niveau extrême de vigilance sur la protection de l'environnement, qui est l'un des moteurs économiques de Mayotte, de par la beauté de l'île, de son lagon et de ses forêts, avec la présence de ses tortues notamment. Une politique de différenciation nous permettrait d'alléger nos procédures, de mettre plus vite la commande publique à la disposition des entreprises, de construire plus vite des écoles, le système d'assainissement et les usines de potabilisation pour préserver le lagon, pour donner plus rapidement de l'eau à tous ceux qui n'y ont pas accès. Les personnes n'ayant pas accès à l'eau sur l'île sont très nombreuses.

Pour aller plus vite, nous devons nous libérer de notre carcan, qui est celui de tout pays développé et lourdement industrialisé. À Mayotte, nous devons faire abstraction de cela. Par exemple, une opération Résorption de l'habitat indigne (RHI) permet, en cinq à six ans et en mobilisant une trentaine de fonctionnaires d'État, de reloger 30 à 40 familles dans des conditions décentes alors que probablement 100 000 à 150 000 personnes vivent dans des conditions indécentes. La procédure RHI est beaucoup trop lourde et inadaptée au territoire mahorais. Ici, nous sommes dans une situation d'urgence, laquelle urgence nécessite parfois la différenciation des textes qui s'appliquent sur les grands services publics (logement, aménagement, assainissement, eau, etc.). Ce sentiment n'engage que moi.

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