Il est également important de sensibiliser les professeurs et les conseillers d'orientations aux biais qui affectent négativement leur appréciation du potentiel de certains élèves. L'école, sans le savoir, se fait le relais de stéréotypes bien ancrés – selon lesquels, par exemple, les enfants issus de l'immigration ne sont pas faits pour les études – et cela a un impact auto-réalisateur très important sur les élèves. Une étude conduite récemment en Italie a consisté à faire passer des tests d'association implicite aux enseignants pour déceler s'ils appliquaient des biais négatifs inconscients à l'égard des personnes issues de l'immigration extra-européenne. Leurs biais étaient extrêmement importants. Cela a permis aux enseignants d'en prendre conscience et de les mettre sous contrôle. En conséquence, la réussite scolaire de ces élèves a progressé de manière très significative.
Je reviendrai également sur la mesure. S'agissant de la possibilité de collecter des informations sur l'origine ethnique des salariés dans les entreprises, en 2012, la CNIL et le Défenseur des droits ont produit l'excellent rapport « Mesurer pour progresser vers l'égalité des chances ». Il n'est pas interdit de collecter ces informations. Le Conseil Constitutionnel a, en effet, interdit d'avoir recours à un référentiel ethno-racial rigide, c'est-à-dire qui proposerait des catégorisations ethno-raciales préétablies. En revanche, il est tout à fait possible de demander aux individus leur ressenti d'appartenance et certaines entreprises collectent ces informations.