Intervention de Élie Renard

Réunion du jeudi 3 décembre 2020 à 16h00
Mission d'information sur l'émergence et l'évolution des différentes formes de racisme et les réponses à y apporter

Élie Renard, directeur adjoint de l'École nationale de la magistrature (ENM) :

J'apporterai des éléments de réponse sur les concours d'entrée à l'ENM et sur les moyens d'améliorer la diversité des magistrats. Ce sujet est à la fois très complexe et d'une grande actualité dans le cadre de la réforme de la haute fonction publique.

J'apporterai deux éléments de réponse. Tout d'abord, il convient d'aborder la question de la préparation au concours d'entrée. Depuis 2009, l'école bénéficie d'un dispositif d'égalité des chances par des classes préparatoires intégrées. Celles-ci visent à garantir la représentativité des magistrats de façon à ce qu'ils correspondent à la diversité de la société. Cela recouvre les enjeux d'origine des individus, mais également les enjeux d'inégalité d'accès au concours en fonction des territoires de résidence ou du contexte socio-économique. Nous disposons aujourd'hui de trois classes préparatoires intégrées et souhaitons continuer à développer cet outil. Ces trois classes existantes ont accueilli 545 bénéficiaires, dont 152 ont intégré l'école : cela représente un peu plus d'un quart des bénéficiaires, alors même que le taux de réussite au premier concours de l'ENM (c'est-à-dire le concours ouvert aux étudiants) est, depuis 2011, d'environ 14 %. Autrement dit, la classe préparatoire intégrée est un moyen de développer la capacité de réussir le concours.

S'agissant de la nature des épreuves, il est vrai que le concours de l'ENM est long, difficile et qu'il suscite de l'autocensure. Nous avons modifié les épreuves du concours en 2019 avec comme objectif de les alléger et de les rationaliser. Nous avons pour cela identifié deux principaux axes d'évolution. Nous souhaitions d'abord rendre le concours plus attractif pour des personnes ayant déjà exercé une activité professionnelle – aujourd'hui, plus de la moitié des nouveaux magistrats (51 % d'entre eux) ont eu une carrière professionnelle antérieure. Ensuite, nous souhaitions ouvrir le concours à la diversité. Le grand oral revêt une dimension culturelle particulièrement importante. Cette épreuve consiste, à l'heure actuelle, en une épreuve de mise en situation et de discussion avec le jury qui conserve une dimension de culture générale. Nous souhaiterions continuer à la faire évoluer afin de, peut-être, diminuer son poids dans le recrutement. Les épreuves d'admissibilité intègrent une épreuve écrite de connaissance du monde contemporain, dont le poids dans les critères d'admissibilité a été diminué. Le grand oral, quant à lui, intervient au stade des épreuves d'admission et une réflexion est en cours pour le faire évoluer : soit il pourrait prendre la forme d'un entretien sur le parcours personnel et professionnel, soit nous envisageons que la composition du jury puisse changer. L'école y réfléchit actuellement de manière très active.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.