Intervention de Amirouche Laïdi

Réunion du jeudi 10 décembre 2020 à 10h30
Mission d'information sur l'émergence et l'évolution des différentes formes de racisme et les réponses à y apporter

Amirouche Laïdi, président du Club Averroès :

Pour ce qui est de conditionner des aides publiques, cela fait partie des propositions qu'ont émises les rapports Spitz et Bourges, qui datent de plus de dix ans. Beaucoup de rapports ont été produits, avec beaucoup de recommandations qui n'ont jamais été appliquées. Pour dépasser les problématiques qui existent aujourd'hui, il faut donc déjà appliquer les recommandations qui ont été formulées dans les nombreux rapports, et la France est spécialiste des commissions et des rapports qu'elle enterre ensuite. Il faut déterrer ces rapports.

D'une part, les travaux qui ont été effectués ont coûté à la collectivité. Par ailleurs, cette représentation de la diversité dans les médias doit concerner tous les médias et pas seulement la télévision. Les radios ne participent pas du tout. La dernière fois que j'ai vu le président du CSA, je lui ai rappelé que les obligations de diversité s'appliquaient aussi aux radios. Je pense qu'il est de votre devoir de politiques d'interpeller les différents médias sur leurs travaux en matière de diversité. La loi sur l'égalité des chances de 2005 invitait tous les médias, sur la base du volontariat, à rendre un rapport annuel sur l'état de toutes les diversités dans leur média. La commission en charge de la culture de l'Assemblée nationale devait statuer sur une sorte d'évaluation des résultats et éventuellement proposer des solutions qui visent à améliorer cette diversité. Depuis 2005, cette commission a dû se réunir une fois, sur la base du rapport du CSA sur l'état de la diversité dans les médias.

La balle est dans votre camp. Il n'y a pas de fatalité. Aux États-Unis comme en Angleterre, le produit de la diversité est le produit de politiques publiques ou, comme en France, de non-politiques publiques. Je pense que ce sujet n'a jamais fait l'objet d'un suivi de politiques publiques depuis 2005, depuis la première loi sur l'égalité des chances, qui fixait un certain nombre d'objectifs aux chaînes, sur la base du volontariat. À mon sens, c'est une absence de politiques publiques qui nous a conduits à cette situation aujourd'hui, au contraire de ce qui existe en Angleterre ou aux États-Unis. Mais je souhaiterais que ce soient nos politiques publiques, et non les politiques publiques universelles qui vont s'imposer à nous.

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