Intervention de Catherine Le Duff

Réunion du jeudi 10 décembre 2020 à 15h45
Mission d'information sur l'émergence et l'évolution des différentes formes de racisme et les réponses à y apporter

Catherine Le Duff, secrétaire départementale du Syndicat national unitaire des instituteurs, des professeurs des écoles et PEGC (SNUIPP-FSU) :

Notre propos se fondera sur notre expertise du terrain et notre expérience dans les écoles. Le SNUIPP-FSU est la première organisation syndicale du premier degré et est installé sur l'ensemble du territoire, au plus près des collègues. Nous sommes nous-mêmes en classe, ce qui nous permet de porter une parole en prise avec le réel.

Le premier point que je vais aborder est celui de l'école ouverte. Pour le SNUIPP-FSU, l'école est au centre de la société, et l'idée d'une école hors-sol, d'un sanctuaire imperméable au monde, est déconnectée de la réalité. L'actualité ainsi que tous les débats de société la pénètrent et la font questionner par les élèves. Les élèves concernés par notre champ de syndicalisation ont entre 3 et 6 ans à l'école maternelle et entre 6 et 11 ans à l'école élémentaire. Ce sont des enfants qui ont des questions d'enfant, des réflexions et des commentaires d'enfant, et aussi des interprétations d'enfant. Il s'agit de paroles en construction, qui sont parfois le reflet de paroles parentales, mais ce sont des paroles d'enfant qu'il faut appréhender comme telles.

Cette école du premier degré, ce sont les enseignants, et surtout les enseignantes, qui la font vivre, avec les autres adultes des équipes éducatives, pour transmettre des savoirs communs, émancipateurs, et construire le vivre-ensemble en éduquant au respect de chacun et chacune. Cette école est ouverte sur le monde extérieur, et c'est dans la confrontation au monde réel que les enfants se construisent, entourés d'adultes pour les y aider. C'est la raison pour laquelle nous, enseignants et enseignantes, accueillons sans aucune discrimination tous les parents de nos élèves. Nous considérons qu'ils sont tous respectables de la même manière, et nous sommes convaincus que c'est dans le dialogue et par la coéducation que nous aiderons nos élèves à se construire et à trouver leur place dans la société. Nous acceptons donc aussi l'aide que peuvent nous apporter les parents dans le cadre des activités scolaires et périscolaires.

Le point suivant concerne ce que nous vivons au quotidien avec le comportement de nos élèves. Il faut souligner un élément essentiel : ce que nous constatons au quotidien, c'est que les jeunes enfants ne sont pas racistes. Il n'est pas rare qu'à la maternelle les plus jeunes ne remarquent même pas les différences de couleur de peau. C'est lorsqu'ils grandissent ou lors d'interactions sociales avec des adultes qu'ils en prennent tout à coup conscience. En grandissant, ils prêtent davantage attention à la diversité des personnes, de leurs opinions, et pas seulement aux différences perceptibles qui concernent l'aspect physique. C'est à ce moment que surgissent des remarques, des commentaires, des interrogations, des discussions.

Au-delà de l'étonnement et de la curiosité, on peut voir surgir des sentiments de crainte ou de rejet dans nos classes et nos écoles. Les enseignants sont extrêmement sensibles à ces comportements et ils interviennent immédiatement pour y remédier. Il faut toutefois noter qu'on a le plus souvent affaire à des remarques, voire des insultes, à connotation sexiste, ou à des remarques que l'on pourrait qualifier d'« homophobes », les propos racistes étant plus rares. Il existe parfois des conflits de loyauté entre l'éducation familiale et le milieu scolaire, qui peuvent interférer dans la résolution des situations problématiques que nous rencontrons. Mais, dans l'immense majorité des cas, le dialogue des équipes éducatives avec les enfants, et si besoin les familles, permet de dénouer les situations conflictuelles.

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