Nous proposons quelques pistes en guise de solutions. Elles ne sont pas valables seulement pour l'école. Dans notre métier, face aux évolutions de la société, nous avons fréquemment besoin de mises à jour. Par rapport à la question de la formation des enseignants, l'outillage intellectuel apporté par la recherche dans toute sa diversité pourrait ainsi irriguer nos réflexions et nos pratiques. De même, la formation à la relation aux familles et à la façon de l'aborder devrait être envisagée. Malheureusement, sur tous ces sujets, la formation est quasi inexistante. Quelques heures y sont consacrées en formation initiale, qui sont de plus réparties de façon diverse selon les académies. En ce qui concerne la formation continue, on peut faire une carrière de quarante-deux ans dans l'éducation nationale sans bénéficier de formation continue digne de ce nom dans les sujets évoqués précédemment.
Nous avons dit que l'école était au centre de la société : le ministre parle de « colonne vertébrale ». C'est vrai, mais l'école ne peut pas tout toute seule. L'accroissement de la pauvreté, la relégation sociale et territoriale, l'absence de politique sociale ambitieuse sont les premiers séparatismes dans notre société, et ce sont les terreaux de toutes les divisions. Nos élèves sont sensibles, intelligents et ils perçoivent très bien la tension entre ce que l'on transmet à l'école, les valeurs que nous travaillons et que nous construisons au quotidien avec eux – l'égalité, la liberté, la fraternité –, et la réalité de ce qu'ils vivent. Pour s'attaquer au racisme et aux discriminations qui gangrènent notre société, il faut faire vivre les valeurs de la République sur l'ensemble de ses territoires.