Intervention de Alain Pidoux

Réunion du mardi 15 décembre 2020 à 18h00
Mission d'information sur l'émergence et l'évolution des différentes formes de racisme et les réponses à y apporter

Alain Pidoux, chef de l'Inspection générale de la gendarmerie nationale :

Les réseaux sociaux sont un point d'achoppement. Il y a huit ans, la DGGN a publié un Guide du bon usage des médias sociaux, diffusé et commenté lors des formations. Lors de chaque connexion à notre réseau intranet, il y est fait référence.

Les chefs présents sur les réseaux sociaux doivent veiller et intervenir en cas de commentaires déplacés ou de réactions excessives, comme ce fut le cas récemment par exemple à la suite d'un viol commis par un étranger en situation irrégulière. L'IGGN a également une activité de veille et est en mesure de réagir.

Comme vous le rappelez, la gendarmerie a développé un « Permis internet ». Si l'on veut être efficace, ce n'est pas vers les jeunes adolescents qu'il faut aller – c'est trop tard – mais vers les enfants qui ont entre huit et douze ans et qui sont encore doués d'une capacité d'écoute. Ces jeunes sont fiers de dire à leurs parents qu'ils ont obtenu leur permis. Certes, cela ne résoudra pas tous les problèmes durablement mais ce dispositif offre aussi une clé aux parents afin qu'ils prennent le relais et sensibilisent à leur tour leurs enfants.

Nous avons été récemment contrôlés par l'Association française de normalisation (AFNOR) afin d'évaluer l'action que nous engageons depuis deux ans en matière de diversité et d'égalité professionnelle. Elle s'est rendue à l'École de Gendarmerie, à Montluçon, où le code de l'apprenant lui a été présenté, qui parle de la discrétion et du respect dont il faut faire preuve sur les réseaux sociaux. Chaque compagnie d'environ 120 élèves-gendarmes comporte un référent, responsable de la gestion du fil WhatsApp et des réseaux sociaux. Les gendarmes apprennent ainsi à se maîtriser, ce qui est le premier pas vers le respect.

Les valeurs militaires des gendarmes sont incarnées et mises à l'épreuve, par l'apprentissage et des moments précis de la formation, du partage, du respect, des difficultés, en affrontant par exemple très concrètement le froid. Lorsqu'ils seront confrontés à quelqu'un qui vit dans la rue, ils se montreront sans doute plus réceptifs à sa souffrance.

Il est vrai que certaines zones de police sont particulièrement difficiles. De 2014 à 2015, j'ai commandé le groupement de gendarmerie départementale de Haute-Garonne et la région de gendarmerie de Midi-Pyrénées. J'ai travaillé avec le maire de Cugnaux, j'ai été dans les tours qui jouxtent la zone de police, dans le quartier du Mirail, j'ai travaillé main dans la main avec les Brigades anti-criminalité (BAC). La situation n'était pas moins difficile pour nous, même s'il est vrai que, globalement, les endroits « difficiles » sont moins en zone de gendarmerie qu'en zone police.

Dans le domaine des ressources humaines, je me suis toujours appliqué à trouver de subtils équilibres entre les anciens et les nouveaux, les personnels expérimentés et ceux qui débutent. À la brigade de Moissac, dans le Tarn-et-Garonne, la présence féminine était très importante et, compte tenu de la population, les contacts étaient parfois difficiles, certaines personnes refusant de parler à des femmes (cet exemple me semble frappant…). J'ai donc là encore veillé à trouver un équilibre de manière à ne pas être confronté à ce genre de difficulté.

Le recrutement est sans doute plus diversifié que vous ne le laissez entendre : il intègre des personnes des outre-mer ou dont les parents sont originaires d'Afrique. Certains parlent couramment arabe. Cela vaut plus largement pour l'armée, dans laquelle certains jeunes s'engagent parce qu'ils ont besoin de repères.

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