Intervention de Inès Seddiki

Réunion du jeudi 17 décembre 2020 à 14h30
Mission d'information sur l'émergence et l'évolution des différentes formes de racisme et les réponses à y apporter

Inès Seddiki, présidente et fondatrice de l'association GHETT'UP :

. Concernant la victimisation, j'ai pris la précaution de documenter mes propos par des statistiques, des rapports, des éléments qui n'appartiennent pas au domaine du sentiment mais de celui de la réalité car ils influent sur la vie des gens. Il faut l'entendre, même si c'est désagréable. Ce n'est pas intrinsèquement de la victimisation, ce sont des faits qu'il faut voir et entendre.

Quant aux pistes, à partir de la victimisation, il faut se concentrer sur les inégalités, les chiffres et la promesse d'égalité républicaine de notre pays qui doit se traduire par l'égalité territoriale. Un plan d'action est à conduire, une volonté politique à exprimer sur ces sujets pour faire exister l'égalité républicaine et territoriale, en agissant en priorité sur l'éducation, puissant levier de justice sociale et de cohésion nationale, qui agit très tôt dans la vie des citoyens français et les suit tout au long de leur développement. Il faut prendre le mal à la racine.

De plus, l'État, le Gouvernement et les institutions publiques françaises doivent montrer l'exemple en matière d'inclusion et de lutte contre les discriminations. Toutes nos institutions, tous nos médias publics, tous nos organismes de recherche doivent être exemplaires dans leur représentation de la société, qu'il s'agisse du développement de la diversité ou de l'inclusion. S'agissant des organes de contrôle de la lutte contre les discriminations, M. Ettazaoui a proposé le renforcement du rôle du CSA ou la création d'autres organes. Il faut aussi réformer l'inspection générale de la police nationale (IGPN).

Il est aussi nécessaire de développer des plans d'actions pour le secteur privé. Seuls 11 % des directions des ressources humaines des entreprises françaises prévoient un plan d'inclusion et de diversité, ce qui est trop peu au regard de l'ampleur de la tâche. Il faut également des campagnes de testing.

Je ne reviendrai pas sur la question du discours dont M. Ettazaoui a parlé. La parole publique des personnalités politiques, de même que l'action des personnels politiques ou des représentants de l'État français ne sont pas au même niveau que la parole de n'importe quel citoyen, et ont beaucoup plus de poids.

Enfin, en Seine-Saint-Denis, si l'action de grandes associations comme Article 1, dont j'ai pu bénéficier en étant scolarisée dans un lycée de zone d'éducation prioritaire (ZEP) est très importante, les petites associations locales qui échappent à la politique de la ville, dont l'action n'est pas assez valorisée, accompagnée et autonomisée, sont aussi un puissant levier. Elles agissent quotidiennement aux côtés des jeunes, de leurs parents, des enseignants, des policiers, autant d'acteurs qu'il faut mobiliser et leur rôle doit être renforcé. Monsieur le président, madame la rapporteure, merci de nous avoir entendus.

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