En arrivant dans notre pays, les immigrés de la première génération, en quête d'un avenir meilleur, ont vu dans notre pays tout ce que la France pouvait leur offrir par rapport aux pays d'où ils venaient. Leur perception de la France était donc sans doute plus positive que celle qu'en ont leurs descendants. Ces derniers, après le processus d'intégration ou d'assimilation de leurs parents, ne comparent plus leur situation avec celle de leurs parents ou grands-parents dans leur pays d'origine, mais avec celle de leurs collègues du même âge vivant dans d'autres quartiers ou dans conditions sociales différentes. Alors que notre système tend à se parfaire et à devenir plus égalitaire, les inégalités qui persistent leur paraissent insupportables : c'est le paradoxe de Tocqueville. Cette réflexion est-elle récente ou la retrouve-t-on à d'autres époques ?
Nous avons aussi discuté ici de l'emploi du mot « race » dans la Constitution. Puisque vous l'avez vous-même utilisé tout à l'heure, je ne résiste pas à l'envie de vous poser cette question : pensez-vous qu'il faille supprimer ce mot de la Constitution ? Nous avons entendu plusieurs personnes à ce sujet : très peu étaient favorables à la suppression, ce qui m'a surprise car nous avons justement cherché, au début de la présente législature, à faire disparaître ce terme dans le cadre d'une réforme constitutionnelle qui n'a pas abouti.
Enfin, la suspension du service militaire, nécessitée par les circonstances – c'est ainsi que cette mesure a été présentée, mais je ne suis pas spécialiste des affaires militaires –, a mis fin au brassage social qui l'accompagnait. Que pensez-vous du SNU, défendu par M. Blanquer depuis le début du quinquennat, qui pourrait amener garçons et filles d'une même tranche d'âge à se côtoyer ?