Il est peut-être excessif de parler d'une « panne du modèle français d'intégration » : l'intégration continue de fonctionner pour une partie de la jeunesse d'origine immigrée. Certes, une autre partie de cette jeunesse est réfractaire. Je n'ai peut-être pas assez insisté sur l'aspect culturel : le ressentiment qui s'exprime va bien au-delà des discriminations réellement subies, car de nombreux efforts ont été réalisés en la matière.
Je pense notamment à la loi relative à la solidarité et au renouvellement urbains (SRU) du 13 décembre 2000 défendue par M. Gayssot, aux commissions départementales d'accès à la citoyenneté (CODAC) que j'ai moi-même créées et qui devaient aussi favoriser l'accès à l'emploi, ainsi qu'aux opérations de testing à l'entrée des discothèques promues par Mmes Guigou et Aubry. Bien entendu, certaines localités souffrent de phénomènes de concentration de misère ou de concentration ethnique et culturelle, ce qui entraîne un cumul de handicaps, notamment en matière scolaire. J'admets que c'est plus facile à dire qu'à faire !
J'ai été de ceux qui ont essayé de convaincre M. Chirac, Président de la République, de renoncer à son projet de suppression du service militaire national, précisément parce que je pensais qu'il permettait le brassage de la jeunesse. La réforme menée a montré ses mérites dans les opérations extérieures où la France était engagée, mais la politique de défense de la France ne doit-elle être menée qu'à l'aune de ces OPEX ? N'aurions-nous pas pu aller vers un service militaire court couplé à des formules de service national long, par exemple dans l'armée, les brigades de pompiers ou les hôpitaux ? Cette réflexion reste ouverte. Le SNU est sans doute une bonne idée, car il permettrait lui aussi de mettre en contact les Français de diverses origines, non seulement ethniques mais aussi sociales.