Vous avez tout à fait raison : j'ai essayé de promouvoir l'apprentissage de cette langue lorsque j'étais ministre de l'éducation nationale. Seule la promotion de l'apprentissage des langues des grandes civilisations – l'arabe, le persan, le turc, le russe, le chinois, le hindi – nous permettra de refaire de la France un pays qui rayonne. Ce rayonnement n'est possible que si l'on maîtrise la langue de nos partenaires.
Il me semble qu'un peu plus de 10 000 élèves apprennent l'arabe dans les établissements gérés par l'éducation nationale, ce qui est très peu. Nous pourrions nous consoler en nous disant que ce chiffre est proche de celui des élèves apprenant l'allemand, mais il est désolant de penser que la langue de notre partenaire allemand est à ce point abandonnée au profit de l'espagnol et, surtout, de l'anglais. Il faut certainement revoir quelque chose, mais M. Blanquer pourrait vous répondre mieux que moi à ce propos.
Je tiens aussi à souligner que l'arabe a été une grande langue de culture, utilisée par de très grands poètes et penseurs. C'est la langue coranique, la langue par excellence du monde musulman. Il y a 1,8 milliard de musulmans de par le monde et peut-être 200 millions de locuteurs d'arabe. Lorsque j'ai présidé l'association France‑Algérie, j'ai créé un prix du premier roman algérien récompensant des livres tant francophones qu'arabophones. La littérature francophone est bien connue, grâce à des écrivains comme Boualem Sansal, Kamel Daoud et beaucoup d'autres, mais il existe aussi une littérature algérienne et marocaine arabophone très estimable, que nous devrions essayer de faire mieux connaître par un travail de traduction.