Partagez-vous le constat selon lequel la France de 2021 est à la fois exposée à un nombre croissant de risques et de menaces – qu'il s'agisse de l'environnement stratégique, des aléas climatiques ou des risques cyber – et beaucoup moins résiliente qu'il y a trente, cinquante ou cent ans ?
Comment évaluez-vous la résilience de nos armées ? Vous avez indiqué que, pour ses transports, l'OTAN dépend à 90 % de moyens civils. Devant la commission de la défense, le chef d'état-major des armées nous a souvent dit que nous étions passés d'une logique de stock à une logique de flux, laissant entendre que les armées avaient grandement perdu en résilience de ce fait. Le ministère des armées s'est-il fixé des objectifs pour renforcer son autonomie, notamment dans le domaine des transports et celui des munitions, et pouvoir tenir une semaine ou un mois si tout s'arrête ? N'est-il pas risqué d'organiser nos armées en fonction d'une moyenne d'engagement à atteindre plutôt que de leur permettre de faire face à des pics ? Je pense notamment à la politique d'emploi et de gestion des parcs (PEGP).
Quel lien établissez-vous entre la résilience du pays et les capacités de défense nationale ? Une société qui ne serait pas résiliente ne représenterait-elle pas, comme cela a été dit lors d'un colloque du Centre de doctrine et d'enseignement du commandement, un risque majeur pour notre défense ? Inversement, la résilience d'un pays ne peut-elle revêtir une dimension dissuasive en décourageant un tiers de s'en prendre à ses intérêts ?
Enfin, vous avez insisté sur la capacité du ministère des armées à affronter une menace intentionnelle. Mais estimez-vous qu'il doit également préparer sa résilience face à un événement non intentionnel : accident technologique ou risque sanitaire ?