Il faut prendre en considération la conjonction des menaces. Il existe des plans pour gérer une crise naturelle, technologique, sécuritaire ou en matière de sûreté, mais les questions hybrides constituent un défi. Un affaiblissement consécutif à un phénomène non intentionnel – tels que le covid-19, des inondations, une crise nucléaire… – est susceptible de révéler des fragilités qui pourraient être exploitées par d'autres puissances. De fait, les stratégies hybrides conçues par certains États adverses mettent en avant la capacité de saisir les occasions et d'intervenir dans de multiples domaines. L'Estonie, par exemple, a connu en 2007 une crise hybride qui touchait à la cybersécurité, à l'ordre public, à la diplomatie… C'est la conjonction des menaces qui constitue un sujet d'inquiétude.
Un pays comme l'Irak connaît, depuis 2014, des surattentats à un rythme quasi hebdomadaire – chaque attentat y est suivi d'une tentative de commission d'un second attentat. Leur gestion ne relève pas du ministère des armées. Cet exemple n'est évidemment pas directement transposable à la France, mais nous devons à mon sens poursuivre la montée en gamme des forces de sécurité intérieure jusqu'à l'échelon local et intégrer les menaces constituées par les adversaires. Nous avons besoin de capacités de nature militaire, mais pas seulement : des unités et des procédures sont en train d'être créées au sein du ministère de l'intérieur – l'évolution étant, je vous l'accorde, assez lente. Nous ne pouvons pas uniquement nous reposer sur les moyens militaires. Les forces de sécurité intérieure doivent intégrer ce mode opératoire terroriste, y compris à l'échelon local.