Intervention de Thomas Gassilloud

Réunion du mercredi 21 juillet 2021 à 14h00
Mission d'information sur la résilience nationale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaThomas Gassilloud, rapporteur :

Depuis les années 1990, les armées sont davantage mobilisées par les opérations extérieures (OPEX). Elles ont perdu la notion de défense opérationnelle du territoire, comme l'illustre le changement de nom du ministère de la défense nationale, rebaptisé « ministère des armées ». Les armées se sont concentrées sur les OPEX, dans le respect de leur contrat opérationnel, ce qui est une prouesse même si l'on peut s'interroger sur ce qu'on peut faire avec 21 000 hommes pendant six mois. De ce fait, elles se sont moins consacrées à la résilience – étant entendu que ce mot n'était pas utilisé avant la professionnalisation des armées. Vous avez indiqué que la résilience pouvait constituer une forme de dissuasion, mais je n'ai pas eu le sentiment qu'à vos yeux, une faible résilience soit une menace sérieuse pour la défense nationale. Vous avez émis des doutes sur la possibilité pour la France d'imiter les stratégies de certains pays, en raison des différences d'échelle. On pourrait toutefois concevoir des stratégies régionales.

À l'heure des menaces hybrides, jamais la défense nationale n'a autant dépendu de la résilience nationale. Même avec la meilleure armée du monde, une nation ne peut être résiliente si la société ne l'est pas. Par ailleurs, il faut être en mesure d'identifier les auteurs des attaques pour répliquer. On a beau avoir de gros bras, si on ignore qui nous attaque, on ne sait pas sur qui taper. N'y a-t-il pas encore une certaine forme de déni du danger que fait courir une faible résilience à la défense nationale – quel que soit, par ailleurs, l'effet de dissuasion dû à la puissance de l'armée ? Je ne dis pas que l'armée doit être l'unique responsable de la résilience nationale, mais le ministère des armées doit être le premier à s'inquiéter de la faiblesse de la résilience. Il doit prendre conscience que, si la nation ne suit pas, il ne saura pas assumer sa mission. Partagez-vous cette analyse ? Cette prise de conscience est-elle partagée ?

J'ai le sentiment que la Chine et la Russie se préoccupent de la résilience. La Chine, par exemple, mène des stratégies low tech, consistant à préserver des pans de la société de la menace cyber. Elle isole son réseau internet, tandis que nous développons les compteurs Linky, ce qui pourrait, à la suite d'une attaque cyber, mettre à l'arrêt des secteurs entiers de notre activité. L'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (ANSSI) nous a confirmé que la sécurité de Linky n'était pas imparable ; de surcroît, si le système n'est pas mis à jour, cela peut nous exposer. Si ce compteur offre des usages intéressants en matière de régulation de l'énergie, il nous rend aussi vulnérables. Quelle analyse la DGRIS fait-elle des stratégies de résilience, notamment des Russes et des Chinois ? Si beaucoup de pays européens se reposent sur l'OTAN pour la défense collective, cette organisation s'intéresse peu à la résilience. Le fait que l'Alliance ne couvre pas l'ensemble du spectre ne serait-il pas un moyen de mobiliser les Européens en faveur d'une défense collective ?

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.