Intervention de Bertrand le Meur

Réunion du mercredi 21 juillet 2021 à 14h00
Mission d'information sur la résilience nationale

Bertrand le Meur, directeur pour la stratégie de défense, la prospective et la contre-prolifération à la direction générale des relations internationales et de la stratégie du ministère des armées :

Si la nation ne fait pas preuve d'un minimum de résilience dans un contexte difficile, les forces armées auront des problèmes. Il y a à cela plusieurs raisons, la première étant que les membres des forces armées ont une famille, se préoccupent de savoir comment vont leurs enfants, s'ils ne sont pas en danger, etc. Le raisonnement stratégique sur les menaces hybrides ou les guerres plus ou moins cachées – à l'image de l'action conduite par les Russes en Crimée – nous amène à réfléchir à nos seuils de tolérance. À partir de quel moment doit-on déclarer qu'un environnement anormal nous met en danger et appelle une réaction qui pourrait être escalatoire ? Nous devons mener une réflexion stratégique et prospective. Je n'ai pas, sur ces questions, la profondeur et le recul nécessaires.

Vous avez évoqué deux pays auxquels nous sommes particulièrement attentifs. Je ne pense pas que l'internet chinois soit verrouillé pour des raisons de résilience, mais plutôt pour assurer la maîtrise des masses. Le parti communiste veille à ce que la population ne s'alimente pas en informations auprès des Occidentaux. Cela étant, Guillaume Poupard, directeur général de l'ANSSI, vous dirait que le fait de verrouiller l'internet chinois ne garantit absolument pas sa résilience et sa résistance à des attaques extérieures. Quant à définir le niveau de résilience de la Russie et de la Chine, nous avons à faire à deux modèles fondamentalement différents. Dans notre analyse, la Russie est l'enfant malade de la stratégie. Dotée d'un PIB faible, elle se focalise sur sa défense. Ce que je lis dans la presse sur la pandémie à Moscou m'incite à penser que les Russes ne sont pas nécessairement très résilients. Il leur manque énormément de choses. Dans mes fonctions précédentes, j'ai constaté, au vu des demandes d'exportation, que ce pays achetait beaucoup de matériel militaire. Leur situation est probablement plus défavorable que la nôtre.

La Chine, quant à elle, a engagé la construction de l'un des piliers fondamentaux d'une résilience très ambitieuse, à très grande échelle et très structurée, à savoir l'autonomie. Mais je ne sais pas si ce pays recherche l'autonomie à des fins de résilience ou pour conforter sa stratégie de domination, qui est fondamentalement économique.

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