Intervention de Thomas Gassilloud

Réunion du jeudi 22 juillet 2021 à 10h40
Mission d'information sur la résilience nationale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaThomas Gassilloud, rapporteur :

Après deux premières auditions à huis clos orientées vers la menace intentionnelle d'adversaires stratégiques et le risque terroriste, nous évoquons aujourd'hui les risques climatiques ou encore technologiques.

Je nourris la conviction que notre sécurité progresse à mesure que nous renonçons à nos certitudes. Un débat contradictoire avec des chercheurs qui ne partagent pas forcément les mêmes opinions aide à mieux préparer l'avenir en décryptant les situations susceptibles de s'imposer à nous.

Nos sociétés s'exposent à des risques croissants du fait, entre autres, d'un recours massif à la technologie et de la prépondérance d'une logique de flux. Estimez-vous tous trois qu'elles perdent en résilience ? Considérez-vous la France moins résiliente aujourd'hui qu'un siècle plus tôt ?

Monsieur Keller, notre mission s'intéresse aussi à la résilience de court terme et donc à des crises susceptibles de survenir dès demain. Comment mobiliser et fédérer les populations sans pour autant générer de peurs inutiles ?

Que pensez-vous enfin des mouvements complotistes, des collapsologues et des survivalistes, émanant à des degrés divers d'une certaine peur de l'avenir et de notre incapacité à y faire face ?

Monsieur Ribault, je ne crois pas la recherche de résilience liée au modèle néolibéral. L'attachement à ce concept de l'URSS hier, de la Chine communiste aujourd'hui, prouve suffisamment le contraire. C'est d'ailleurs une des raisons pour lesquelles j'estime que nous faisons preuve d'une certaine naïveté.

Vous avez évoqué l'accident de Fukushima. Produire de l'énergie, par quelque moyen que ce soit, exerce un impact sur l'environnement. Je considère à titre personnel le nucléaire comme la source d'énergie à l'empreinte carbone la plus faible. La pollution atmosphérique, telle qu'en génèrent les centrales à charbon, provoque chaque année en France des dizaines de milliers de morts. Veillons à ne pas surestimer les effets d'un accident nucléaire circonscrit, par rapport aux conséquences disséminées d'autres formes de production d'énergie.

Je ne comprends pas ce que vous proposez à la place de la résilience. Refusez-vous de recourir à tout ce qui implique des risques ou simplement de vous prémunir contre eux ? Estimez-vous que la résilience doit rester l'affaire de l'État sans que celui-ci y implique les collectivités ni les citoyens, sous peine de les enfermer moralement et psychologiquement dans une certaine approche ?

Si la question de la prévention n'entre pas dans le périmètre de notre mission d'information, ce n'est évidemment pas parce que nous serions enclins à une forme de tolérance à l'égard des catastrophes. Nous cherchons comment nous prémunir d'effets qu'il appartient à d'autres de s'efforcer de maîtriser.

Monsieur Vinet, comment évaluez-vous la résilience actuelle de notre pays par rapport à d'autres ? La perception des catastrophes ne vous semble-t-elle pas prendre le pas sur leur réalité ? Il apparaît malaisé de se former une représentation rationnelle de leurs conséquences dans notre monde où prime l'information véhiculée par les réseaux sociaux et les chaînes d'information en continu. Comment résister à la tentation politique de la surenchère pour s'en tenir à une approche objective ?

Quelles priorités préconisez-vous de nous fixer pour augmenter concrètement notre résilience nationale ? L'effort doit-il, selon vous, porter davantage sur l'élaboration de méthodes de cohésion que sur la mise au point de réponses thématiques aux catastrophes ?

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