Le champ lexical de la résilience et les néologismes aujourd'hui utilisés pour l'évoquer recouvrent une réalité qui ne date pas d'hier. Il s'agit d'une simple grille de lecture.
Beaucoup d'auteurs dénoncent la normativité de la notion de résilience, et son caractère typiquement occidental, en particulier depuis l'établissement, en 2015, du cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe.
Notre équipe a enquêté au Vanuatu après le cyclone Pam. Dans les sociétés traditionnelles, le vocabulaire de la résilience ne rencontre que peu d'écho auprès des populations. Il en trouve plus chez les habitants des capitales, que leur mode de vie à l'occidentale, leurs liens distendus avec le territoire rural et leur absence de ressources agricoles exposent à des vulnérabilités majeures.
L'un de mes collègues de la mission Pompili a souligné la forte normativité du discours autour de la résilience en Nouvelle-Zélande. Les consignes en cas de séisme ordonnent aux habitants de se placer sous une table. Comment les personnes en fauteuil roulant ou atteintes d'obésité pourraient-elles les appliquer ?
J'estime la France plutôt résiliente, même si tout n'est pas rose dans notre pays. L'intérêt pour le risque et la variabilité des situations ne se manifeste qu'une fois assurés les besoins fondamentaux d'une société, ce qui est le cas en France.
Un rapport de la délégation interministérielle à l'aménagement du territoire et à l'attractivité régionale (DATAR) indiquait déjà en 2003 que « dans la société actuelle, la perception des risques joue un rôle de plus en plus important dans les déterminants des situations de crise. Les angoisses, les peurs, les craintes, les fragilités sont des éléments dont les processus de décision doivent désormais tenir compte. »
Au lendemain d'inondations, la tendance actuelle reste à une reconstruction à l'identique, malgré quelques tentatives de bâtir plus durablement ici ou là, dans la vallée de la Vésubie par exemple. Une réflexion globale reste à mener de ce point de vue. Rejoignant la gestion des risques, elle nécessiterait de mobiliser des instruments financiers et de sensibiliser les professionnels du secteur.